Cheka et al.

Cour militaire opérationnelle de Goma

République Démocratique du Congo

juillet 2, 2020 - juillet 6, 2020

Audition des témoins à décharge

Les audiences du 2, 3, 4 et 6 juillet ont été consacrées à l’audition des témoins à décharge. De mesures de protection de la sécurité et de l’anonymat des témoins ont été adoptées et ils ont fait leur comparution avec des noms codifiés, la voix brouillée et entièrement voilés.

A l’audience du 2 juillet, deux témoins ont été auditionnés pour les faits commis à Pinga (viols, meurtres, pillages et incendies). Aux questions posées par les différentes parties, les témoins ont soutenu que Cheka n’était pas le chef du mouvement NDC mais qu’il était parmi les combattants de ce mouvement qui auraient libéré le territoire de Walikale des FDLR, les seuls responsables de tous les crimes commis dans cette localité. Selon eux, un certain Kade aurait été le véritable chef de ce groupe d’autodéfense populaire.

Lors de l’audience du 3 juillet trois témoins ont également rendu leurs témoignages sur les faits de Pinga et notamment sur le crime de viol. Ils ont affirmé avoir travaillé dans une maison d’écoute où ils recevaient les femmes victimes de viol pour un suivi psychologique et que certaines victimes prétendaient avoir été violées par les FDLR. Selon eux, le groupe d’autodéfense NDC n’aurait commis aucun acte de viol sur la population locale.

A l’audience du 4 juillet deux autres témoins ont aussi déposé sur les crimes de viol à Pinga. A l’instar des témoins précédents, ils ont affirmé que seules les FDLR étaient responsables. Ils ont en outre soutenu, comme les autres témoins à décharge, que le prévenu Cheka était connu à Walikale en tant que commerçant, qu’il avait un rôle de conseiller au sein du NDC, étant Kade la personne la plus influente du groupe.

Lors de l’audience du 6 juillet, les derniers témoins ont été auditionnés, cette fois sur  l’attaque de Luvungi et les crimes de viol commis dans cette localité. Pendant l’interrogation, la défense a soutenu que le prévenu n’aurait jamais donné l’ordre de violer les femmes de Luvungi. Le Ministère Public a quant à lui insisté que sur l’acte d’accusation il est clairement dit que Cheka, pas physiquement présent à Luvungi, aurait envoyé les FDLR sur place par l’intermédiaire de Mayele. Les témoins, interrogés sur l’identité de cette personne, ont dit connaître Mayele en tant qu’ancien militaire FARDC qui aurait quitté l’armée pour rejoindre le NDC. Ils ont soutenu que lors des attaques à Luvungi seulement les éléments des FDLR auraient commis des crimes de viol et pillage. Ils ont ensuite déclaré que, lors de l’assassinant de Cuma et Pilipili à Bunyampuri en 2012, les éléments du NDC étaient à deux jours de marche de cet endroit.

La Cour a renvoyé la cause à l’audience du 20 juillet 2020.