L’audience s’est déroulée en une atmosphère générale ordinaire. Les représentants de la société civile et la directrice de l’organisation mondiale contre la torture (OMCT) était présents. La partie civile, Rached Jaidane, et son avocat étaient présents. Les accusés Ali El Saryati, Belhassan El Kilani, Salim El Rkaya et Omar El Hajj Mouhammad ont assisté à la session. Ils ont exigé de rester derrière le paravent.
La partie civile a demandé à la Cour d’entendre le témoignage de Mouhammad ben Ali El Gueidi. Un des avocats de la défense, Maître Ghadhoun a, quant à lui, cherché d’interférer avec cette requête en demandant à la Cour d’utiliser un microphone pour entendre le témoin. Le Président n’a pas donné suite à cette demande et a appelé le témoin à se présenter et prêter serment.
Mouhamed El Gueidi a déclaré avoir été prisonnier politique de 1991 jusqu’à 2000 en conséquence de son appartenance au mouvement islamique. Il a dénoncé la torture systématique dont il a été victime et témoin durant sa détention. Il a reporté les différentes règles strictes que les prisonniers politiques doivent respecter (ne pas se rassembler, communiquer ou parler) et les violences subies par les prisonniers qui les violent.
En ce qui concerne les conditions de détention, El Gueidi a dénoncé le surpeuplement des prisons et les diverses maladies dont les détenus souffraient en raison de l’insalubrité et de l’absence des soins médicaux.
Il a ajouté avoir rencontré Jaidane en 1993 en prison (ils habitaient la même cellule) et avoir remarqué plusieurs traces de tortures sur son corps et ses habits tâchés de sang. Jaidane n’aurait pas été en bonne santé et pas capable de se déplacer seul ou de subvenir à ses propres besoins sans l’aide d’autres prisonniers.
Le témoin, interrogé par la Cour, n’a pas été en mesure de se souvenir des noms complets des responsables de la prison civile de Tunis où ils étaient détenus : il a mentionné un tel Hammadi, responsable du pavillon ; Hammed, chef de service ; Belhassen Hadj Mouhamed, directeur adjoint ; Omar, connu sous le pseudonyme de « Bhim », l’agent qui les torturait.
Conclue l’audition du témoin, les parties ont pu adresser leurs requêtes à la Cour. Maître Ghadhoun est intervenu à nouveau en demandant la fusion de cette affaire avec celle de Koussay El Jaibi. Les parties civiles ont demandé de prendre toutes les mesures nécessaires pour ramener les accusés et les entendre. Maître Farhani a déclaré sa représentation de Jaidane et a tenu aux demandes de l’avocat de la partie civile.
Maître M. Trifi, représentant l’organisation internationale contre la torture, a légué l’appréciation des demandes des parties au tribunal.
En ce qui concerne les accusés, ils ont refusé d’intervenir ou de se prononcer sans la présence de leurs avocats. Leur requête a été acceptée par la Cour qui a déclaré qu’ils seront entendus lors de la prochaine session.
L’audience a été levée à la fin de la session pour désigner une date pour la prochaine.