Atmosphère générale
Lors de cette audience, plusieurs membres de l’association de l’ATFD (Association tunisienne des femmes démocrates) étaient présents, en soutien de la victime. La présence des membres de famille de la victime n’a pas été constatée. Il y avait une présence médiatique, dont 5 caméras qui ont filmé l’audience du début jusqu’à la fin et qui ont entamé des interviews avec les membres de l’ATFD. Seulement la famille des accusés Ajri était présente. L’avocat des accusés a contesté dès le début de l’audience la présence de la société civile.
Déroulé de l’audience
La deuxième audience de l’affiare Kouki s’est limitée à l’audition de la victime qui a donné sa version des faits. Elle aurait été employée en 2004 comme femme de ménage chez Ines Ajri (mariée à Mohamed Trabelsi, le neveu de Leila Trabelsi Ben Ali). La victime se serait retrouvée séquestrée dans la maison de ses employeurs, n’ayant plus le droit de sortir ou de rendre visite à sa famille, ou dans l’obligation de sortir accompagnée par le coursier ou par un membre de la famille. La victime n’aurait plus eu aussi le droit d’avoir un téléphone portable et les communications autorisées auraient été supervisée par la maitresse de maison. A côté de cela, la victime aurait subi plusieurs agressions physiques et verbales à chaque fois elle contestait ces maltraitances. Rachida Kouki a aussi précisé qu’elle n’avait aucune intimité, elle était victime de fouille corporelle quotidienne et lorsqu’elle prenait une douche, on l’obligeait à garder la porte de la salle de bain ouverte.
Suite à cela, la victime a déclaré avoir tenté de s’enfuir, mais que deux policiers l’auraient interpellée et ramenée de force à la maison de son employeur, qui l’aurait giflé devant Mohamed Trabelsi. Emmenée ensuite au poste de police de Carthage, la victime aurait été agressée verbalement et physiquement par un agent de police civile, qui l’aurait même menacé de se déshabiller. Une fois remise en liberté, la victime a été reconduite à la maison de ses employeurs.
Le 30 avril 2009 les policiers seraient venus emmener la victime au poste de police situé à la Marsa, suite à la plainte de Ines Ajri l’accusant d’avoir incendié la maison de sa mère Latifa Khlass à la Goulette, incendie que, selon le rapport de la protection civile, aurait été au contraire occasionné par un court-circuit. Lors du transfert au poste de police et au poste de police même, Madame Kouki aurait été victime d’agressions physiques et verbales par deux policiers nommés “Nabil Abid ” et “Bilel Beji”. Ils l’auraient torturé en la mettant dans la position du “poulet rôti” et en la frappant par un bâton sur les pieds pendant deux heures, selon les ordres de Mohamed Trabelsi – la victime a déclaré. Elle aurait
ensuite été contrainte par la force de signer le procès-verbal, sans interrogation ou possibilité d’en lire le contenu, par deux agents de police nommés Mounir Elbouslimi et Sami Achheb.
Elle aurait été emmenée à Bouchoucha, puis au Tribunal de Première Instance de Tunis, où elle a été condamnée à perpétuité en première instance et en appel pour avoir ” mis volontairement le feu à un lieu servant à l’habitation” en application de l’article 307 du Code pénal, sans respect du droit de défense. Détenue à la prison de Manouba, elle a été privée du droit de correspondance avec sa famille, qui a par conséquence eu connaissance de son procès seulement 5 ans plus tard.
Après la révolution Tunisienne du 14 janvier 2011, la mère de la victime s’est orientée vers l’ATFD, qui a pris l’affaire en charge et a décidé de faire un pourvoi en cassation qui a réduit la charge à 4 ans de prison. Après cela, l’association a fait une demande auprès du président Moncef Marzouki pour que Rachida Kouki soit graciée. La requête ayant été acceptée, la victime a été remise en liberté le 24 juillet 2012.
Une fois le témoignage de la victime achevé, la Cour a reporté la cause à l’audience du 13 avril 2020.