Les audiences du 15 et 16 Novembre ont été consacrées à l’audition des victimes. Dès le début des audiences, le Tribunal a ordonné le port des tenues les rendant non-reconnaissables et l’isolement des victimes pour leur éviter d’être reconnues par les prévenus qui connaissent bien les victimes pour avoir vécu ensemble.
Le Tribunal a ordonné à toutes les parties au procès de vérifier la présence des victimes dans l’isoloir tel que l’avait sollicité la partie défenderesse au cours de l’audience précédente, lorsque le tribunal avait répondu favorablement à la demande de mesures de protection des parties civiles.
Après avoir fait lecture de la requête tendant à solliciter la dispense de consignation en faveur des victimes indigentes, le Tribunal a donné la parole au Ministère Public.
Ce dernier s’est interrogé à propos de la décision déclarant les victimes. La partie civile a rétorqué que plusieurs rapports dans ce dossier ont fait état des exactions commises dans différentes localités et territoires de l’Ituri. Ces documents indiquent des villages ayant connu des pertes des biens et patrimoines des victimes : destruction et pillage des biens, incendie des maisons et champs, toutes ces victimes ont dû quitter leurs villages et sont hébergées dans des camps de déplacés. Ce sont toutes ces raisons qui ont fait que la plupart d’entre elles ne puissent payer les frais de consignation et les rares qui ont payé ont été aidées par Avocats Sans Frontières. Prenant la parole, la défense a indiqué que l’appréciation de l’indigence n’est pas de l’apanage des services sociaux, beaucoup de temps s’est écoulé pour que les conseils des parties civiles constatent cette indigence.
Après ce débat, le tribunal a déclaré la demande de la partie civile recevable et a donc dispensé les victimes indigentes des frais de consignation. Il s’agit de 41 victimes.
Par ailleurs concernant la victime VH06, qui s’est présentée dans ce dossier en tant que propriétaire d’un véhicule incendié vers KOBU, le MP a relevé qu’il devrait identifier ses travailleurs car ce n’est pas lui qui était à bord de ce véhicule, ce sont ses chauffeurs à lui qui devraient venir déposer devant le Tribunal pour avoir vécu les faits directement. Les avocats des parties civiles ont argumenté que quiconque a intérêt dans une cause peut se constituer partie civile, et de poursuivre qu’il y a effectivement corrélation car le 10 Juin 2019, il y avait eu attaque à KOBU (cette victime se retrouve dans ce dossier, cote 142 devant l’OMP) et de renchérir en disant que la localité de KOBU figure parmi les localités identifiées par l’organe ayant fait l’objet des attaques par des éléments CODECO dans cette période.
D’autres part, la défense a indiqué que l’audition des victimes a été entourée de beaucoup de protections et de respect du droit à la défense, elle a ensuite soulevé la lecture la lecture des PV des victimes non entendues aux cotes 189, 131, 187, 256, 257, 235, 236, 249 et 250, 210 et 211).
Sollicitant la parole, la partie civile note que cette démarche est inopportune à ce stade parce que chaque partie a eu tout le temps qu’il faut pour les lire. Le tribunal demande à la partie civile que la liste complète de toutes les victimes soient codifiées pour lui faciliter la tâche lors de la rédaction du jugement.
L’audience de ce 16 Novembre a commencé à 10h45’ et s’est terminée à 13h45’. La prochaine séance est prévue pour ce vendredi 19 Novembre pour les conclusions des parties.