L’audience a été dédiée à l’audition des membres de la famille Ajri, accusés principaux dans l’affaire.
Ines Ajri a rejeté toutes les accusations portées contre elle et en particulier sa responsabilité et celle de son mari, Mohamed Moncef Trabelsi, pour l’emprisonnement de la victime. Elle a au contraire affirmé que cet emprisonnement se justifiait par le crime d’incendie commis volontairement par Rachida Kouki, comme le prouvent les enregistrements des caméras de surveillance vérifiés à plusieurs reprises par le tribunal de première instance (Affaires n. 20576, 20577) et la cour d’appel de Tunis (Affaires n. 15775,15776). Elle a précisé que la victime aurait incendié l’appartement consacré aux psychologues et médecins venus de l’étranger pour prendre en charge son fils qui souffrait d’autisme suite à sa décision d’éloigner la victime de l’enfant et de se consacrer aux tâches ménagères seulement.
En ce qui concerne les charges de traite des personnes, l’accusée a déclaré que son état de santé ne lui permettait pas de quitter son lit et de se déplacer en autonomie depuis 2007 et a déclaré avoir remis à la Cour son dossier médical témoignant son état physique. Elle a donc affirmé avoir été pour cela dans l’impossibilité de torturer la victime. Elle a aussi précisé que la victime n’était pas séquestrée et qu’elle avait au contraire le droit de se déplacer librement sans aucune contrainte ou contrôle, y compris la possibilité de se rendre à l’étranger pour visiter sa famille.
Ines Ajri a continué en soutenant que la victime lui aurait envoyé des lettres (remises à la Cour) depuis la prison implorant son pardon, et en précisant ne pas détenir les documents personnels évoqués par la victime lors de la dernière audience, documents qui se trouveraient selon elle chez la famille de Rachida Kouki.
Ensuite, la Cour est passé à l’audition de Amel Mejri, qui a déclaré avoir eu un seul contact avec la victime en l’emmenant chez sa sœur lors de son premier jour de travail (comme mentionné par la victime lors de la dernière audience), et ensuite de Anis Ajri, qui a aussi rejeté toutes les accusations à son encontre et contesté la présence des médias et de la société civile dans la salle, en déclarant vouloir poursuivre la victime en justice pour diffamation.
Ayant terminé avec les auditions des accusées, la Cour a donné la parole à la partie civile, représentée par son avocat, Maître Hayet Jazzar, qui a rappelé les édifices de la justice transitionnelle (responsabilité, vérité, réparation, non-répétition) et regretté le fait que les accusés rejettent en bloc toutes les accusations sans preuves à l’appui.
Enfin, les avocats de la défense ont demandé à la Cour d’ajouter le dossier médical d’Ines Ajri et autres documents au dossier de l’affaire. La séance a été levée et l’affaire renvoyée à une nouvelle date.