TACKLE : Promouvoir l’émergence d’un activisme des jeunes contre la discrimination et le racisme structurel en Europe

Région Euro-Méditérranée

Financement : Programme DEAR de la Commission européenne

Zones géographiques d’intervention : Belgique, France, Italie, Espagne, Pays-Bas, Maroc et Tunisie.

TACKLE est un consortium de 12 partenaires, dont des cliniques juridiques universitaires et des ONG spécialisées dans la discrimination et les droits de l’homme, en particulier les droits des personnes racisées et des personnes en déplacement.



Contexte

Les craintes de l’Europe de voir les pays situés à ses frontières extérieures devenir des pays de départ et de transit essentiels pour les hommes et les femmes nord-africains et subsahariens en ont fait des partenaires privilégiés des politiques de contrôle des frontières et d’externalisation de l’UE, comme l’a récemment confirmé le nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile.

Dans les pays du Nord, la migration reste largement perçue à travers le prisme de la construction identitaire, ce qui permet non seulement aux comportements discriminatoires de se développer, mais aussi au racisme structurel d’être institutionnalisé par le biais de lois et de politiques. Par exemple, selon une récente enquête Eurobaromètre (SE 535, décembre 2023), plus de la moitié des personnes interrogées (plus de 60 %) ont fait état d’une discrimination généralisée dans leur pays sur la base de la couleur de la peau et de l’origine ethnique, et 21 % ont été directement victimes de discrimination ou de harcèlement au cours de l’année précédente.

Diverses études ont montré que « l’hostilité à l’égard des réfugiés et des migrants est moins répandue chez les personnes plus jeunes, politiquement libérales et plus instruites » (Dempster & Hargrave, 2017), ce qui justifie l’accent stratégique mis sur les jeunes.

Les activités du projet s’efforcent en fin de compte de construire un pont entre les deux rives de la mer Méditerranée, en promouvant un cadre positif de la migration qui reflète mieux la société égalitaire à laquelle nous aspirons.

Objectifs

Le projet s’articule autour de 4 actions interconnectées, à développer sur une période de 4 ans

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En partant du travail de terrain déjà effectué par les étudiants engagés dans les cliniques juridiques, et en élargissant leurs réseaux avec les acteurs de la société civile au niveau local, ce résultat vise à renforcer leur capacité à atteindre les victimes de discrimination grâce à la mise en place de points anti-discrimination (PAD). L’action des PDA, en plus de garantir des conseils et d’offrir des services d’orientation aux victimes de discrimination, doit également permettre de collecter des données factuelles ainsi que des « histoires » qui seront utilisées pour informer les actions de plaidoyer et de campagne prévues. Les étudiants s’engageront également dans des actions de sensibilisation à l’échelle de la communauté en déployant des caravanes juridiques et des médias sociaux/outils numériques destinés aux groupes cibles. L’autonomisation des victimes reste un objectif fondamental pour la réussite de l’action car elle vise à leur permettre de revendiquer leurs droits et à les inclure pleinement dans les actions de campagne avec les étudiants.

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Les actions d’autonomisation cibleront en particulier les principales parties prenantes (étudiants, organisations de jeunesse au niveau local, personnes et groupes victimes de discrimination). Les universités constituent un espace privilégié pour les jeunes qui souhaitent s’engager dans l’activisme civique. Pour renforcer cet aspect, l’action développera et mettra en œuvre un programme de formation permettant aux étudiants des cliniques juridiques d’acquérir des connaissances en matière de lutte contre la discrimination et le racisme structurel. Une formation théorique et pratique sera également dispensée sur le plaidoyer européen et la mobilisation des citoyens. Ces connaissances et ce savoir-faire sont en effet nécessaires pour qu’ils puissent participer activement aux actions de la campagne, dont ils seront les principaux porte-parole. Les victimes de discrimination seront également impliquées dans cette formation qui comprendra un volet relatif à la communication avec les médias et à la prise de parole en public. ASF a 30 ans d’expérience dans la coopération internationale en Afrique, notamment dans le domaine de la migration en Tunisie et au Maroc. Elle a ainsi pu développer un réseau d’organisations de la société civile et de militants du Sud qu’elle souhaite mettre au service de l’action afin de créer des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée et de favoriser une compréhension profonde des enjeux liés à la migration irrégulière et de ses causes. Outre l’objectif en termes de renforcement des capacités, la dynamique des connaissances sera orientée vers la conception conjointe de stratégies d’influence parmi les activistes des deux rives.

Plus d’infos

En tenant compte des opportunités d’influence existantes, l’action vise à déployer une campagne de plaidoyer et de mobilisation citoyenne autour des élections européennes prévues en 2024. La campagne s’appuiera sur des actions de plaidoyer locales, ciblant les candidats députés européens dans les zones d’intervention. Des task-forces nationales de campagne composées d’étudiants, de jeunes activistes et de victimes de discriminations/migrants proposeront aux candidats de s’engager sur un  » Pacte pour l’égalité  » couvrant des mesures concrètes en termes de politiques publiques sur la migration, la coopération internationale et la lutte contre le racisme structurel. Des actions de visibilité, des conférences publiques ainsi que des outils de communication seront également déployés dans le cadre de la campagne afin de sensibiliser le public. Après les élections, des tournées de sensibilisation seront effectuées par les task-forces nationales afin de contrôler la mise en œuvre des engagements par les nouveaux députés européens et de renforcer les relations avec les parties prenantes concernées, en particulier avec le coordinateur de la Commission pour la lutte contre le racisme et les DG impliquées dans la promotion et le suivi du plan d’action de l’UE contre le racisme. Sur la base des données collectées grâce à la documentation, des notes politiques et des documents de plaidoyer fondés sur des preuves seront produits et diffusés au cours des tournées de plaidoyer.

Plus d’infos

Une part importante du budget de l’action (environ 1/3 du budget global de l’action) sera consacrée au renforcement des capacités financières et organisationnelles des organisations de base de la société civile au niveau local. Un appel à propositions sera conçu et lancé dès la première année de l’action, afin d’impliquer les bénéficiaires dans les différentes activités prévues. L’appel visera particulièrement les associations communautaires composées de migrants ainsi que les associations dirigées par des jeunes. Une définition du type d’actions financées sera élaborée dès le début de l’action, mais la préférence sera donnée aux organisations dont le mandat comporte des objectifs d’éducation et de sensibilisation du public. Le cas échéant, les organisations de la société civile du Sud peuvent également participer à l’appel à propositions pour des actions déployées en lien avec les politiques de l’UE. Les organisations soutenues auront la possibilité de bénéficier de programmes de renforcement des capacités et d’accompagnement en matière d’organisation et de gestion de projet tout au long de leur projet.



Financement


Une action substantielle du projet consiste à soutenir les organisations de base en vue d’augmenter le nombre de partenaires dans les pays d’intervention et de construire une communauté de pratique proactive contre la discrimination et le racisme structurel. Ces derniers constituent un mécanisme innovant pour améliorer l’accès à la justice (en particulier au niveau local) et favoriser la réforme sociale. Au-delà de leur contribution au soutien local des victimes cherchant à accéder à la justice, les cliniques juridiques peuvent soutenir l’émergence de formes nationales et paneuropéennes d’activisme et la construction de ponts entre les universitaires et les futurs professionnels du droit, d’une part, et la société civile et les activistes de base, d’autre part.