16 février 2023

Arrestations arbitraires et campagnes haineuses à l'encontre des personnes migrantes d'origine subsaharienne en Tunisie

« L’Afrique aux Africains », c’est ce qu’a déclaré le président Kais Saied lors de son discours au sommet Europe-Afrique à Bruxelles le 17 février 2022. Cependant, les derniers évènements survenus en Tunisie vont à l’encontre de la déclaration du président Kais Saied, au vue de la campagne lancée par l’appareil sécuritaire intitulée « Renforcement du tissu sécuritaire et réduction du phénomène du séjour irrégulier en Tunisie », qui se traduit depuis quelques jours par des vagues d’arrestations massives.

Ces derniers jours, plus de 300 migrants ont été arrêtés, placés en garde à vue et déférés devant la justice. Ils ont été arrêtés à la suite d’un contrôle d’identité « au faciès » ou même à la suite de leur présence devant les tribunaux en soutien à leurs proches.

Parallèlement, l’État tunisien fait la sourde oreille sur la montée du discours haineux et raciste sur les réseaux sociaux et dans certains médias et qui visent spécifiquement les personnes migrant.e.s originaires d’Afrique subsaharienne, ; ce discours haineux et raciste est même porté par certains partis politiques, qui mènent des actions de propagande sur le terrain facilitées par les autorités régionales.

Des violations des droits humains sont signalées quotidiennement, allant du traitement inhumain et dégradant, la détention arbitraire aux frontières sous la menace d’armes, à la confiscation des téléphones, à la privation d’accès aux soins médicaux.

Le problème du statut administratif des migrant.es subsaharien.nes présente un défi humanitaire qui nécessite une réponse respectueuse des droits et intégrant les personnes marginalisées, plutôt que des approches sécuritaires répressives.

Dans ce sens, les agissements des autorités tunisiennes vont à l’encontre de leurs obligations en vertu de la Convention de Genève de 1951 relative aux réfugiés, que la Tunisie a ratifiée en 1957, ainsi que de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

Les politiques européennes d’externalisation des frontières ont contribué depuis des années à transformer la Tunisie en un acteur clé dans la surveillance des routes migratoires en Méditerranée, notamment l’interception des bateaux de migrants en dehors des eaux territoriales et leur transfert en Tunisie. Les politiques discriminatoires et restrictives en Algérie contribuent également à pousser les migrants à fuir vers la Tunisie. Ces politiques approfondissent la tragédie humaine des migrants dans une Tunisie en crise politique et socio-économique.

Les organisations et associations signataires :

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