Travailler au Niger dans le contexte post-coup d’État

Cet article a été rédigé dans le cadre du rapport annuel 2023.

ASF a ouvert un bureau au Niger en 2023 pour y lancer un programme financé par la Coopération Belge au Développement. Ce programme a pour but de défendre les droits fondamentaux et les libertés collectives et individuelles de la population et de la société civile.

Outre à Niamey, la capitale du pays, les interventions sont menées dans les provinces de Tillabéry, d’Aga­dez et de Tahoua.

Dès l’entame des activités, un bouleversement po­litique majeur a surpris le pays et les acteur.rice.s internationaux.les. Le 27 juillet 2023, après des an­nées de tensions politiques et sociales croissantes, les forces armées du pays ont pris le contrôle du gouvernement, renversé le président Mohamed Ba­zoum et instauré un régime militaire. Á la suite de ce coup d’État, des tensions très vives sont survenues entre le Niger et la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’avec la France et les États-Unis.

Les populations, en particulier celles situées en mi­lieu rural, déjà confrontées à des défis socio-éco­nomiques importants (le Niger est classé 189e sur l’Indice de Développement Humain en 2021) sont les grandes oubliées de la crise et du discours politique national et international. Ce sont pourtant elles qui sont les premières victimes de cette crise, l’instabili­té politique et les sanctions internationales imposées au pays affectent gravement leur accès aux droits économiques et sociaux : arrêt brutal des importa­tions vers le Niger, notamment de biens de première nécessité, montée en flèche de l’inflation (de 50% à 200% sur certains biens), limitation drastique de l’accès à l’électricité, accès restreint aux services ad­ministratifs, etc.

Dans ce contexte, ASF et ses partenaires ont rééva­lué le cadre de leur intervention.

Cette réflexion stratégique a identifié les axes priori­taires suivants :

  1. Examen des violations des droits humains en milieu rural : Une attention particulière a été portée à l’évaluation des violations des droits humains, en mettant l’accent sur les populations en milieu rural, notamment les femmes et les enfants. La mise à disposition d’informations robustes et objectivées permet à la fois la mise en place d’un cadre de référencement pour l’accès à la justice mais également de mettre en évidence les urgences auxquelles sont confrontées les populations en situation de vulnérabilité en vue de faire respecter leurs droits.
  2. Renforcement des cadres de prévention et de résolution des conflits : En partenariat avec Alternative Espaces Citoyens et sur la base des actions de monitoring sur le terrain, ASF et son partenaire renforcent les cadres de prévention et de résolution des conflits dans les provinces de Tillabéry, d’Agadez et de Tahoua.
  3. Approche centrée sur les droits humains : Absents des logiques de gouvernance des dernières années, souvent incompris par les acteur.rice.s politiques et même par la société civile, aujourd’hui fragilisés par la montée en flèche de la désinformation, les droits humains doivent constituer le socle de l’action sociale et politique. Les activités d’ASF et de ses partenaires visent à réaffirmer leur importance à travers des actions de sensibilisation, des rencontres au sein de la société civile et à travers le Forum National des Droits Humains qui se tiendra pour la première fois en 2024, à l’initiative d’Alternative Espaces Citoyens.
  4. Accès à la justice et respect des droits en détention : En collaboration avec l’association Prisonniers Sans Frontières, ASF contribue au respect des droits humains en détention et favorise l’accès à la justice des prisonniers en attente d’un jugement : renforcement des visites des prisons, plaidoyer pour le respect des droits des détenu.e.s, formation des acteur.rice.s pénitentiaires et de la société civile aux garanties procédurales et au droit national et international de la détention.