Goma, RD Congo (Est), le 10 juin 2014 – Avocats Sans Frontières (ASF) s’inquiète des conséquences de l’évasion massive de 288 prisonniers de la prison centrale de Bukavu au Sud-Kivu. Ce type d’évasions des prisons congolaises est une menace pour la sécurité des victimes de crimes et des témoins qui ont conduit à la condamnation de certains fuyards. ASF plaide pour une meilleure gestion des prisons afin d’éviter la surpopulation et les risques d’évasion.
ASF s’inquiète des conséquences de ces évasions sur les victimes qui ont accepté de s’exposer pour mettre leurs « bourreaux » derrière les verrous.
« Non seulement les victimes n’obtiennent jamais réparation pour le préjudice subi et les conséquences matérielles et sociales sur leur vie, mais même leur sécurité après le procès n’est pas garantie. C’est inacceptable », s’insurge Hélène TRACHEZ, Chef de Mission d’ASF en RD Congo.
ASF s’inquiète également pour les organisations de la société civile et les avocats qui collectent les témoignages et soutiennent les victimes lors des procès. Par ailleurs, l’évasion de criminels augmente l’insécurité sur les populations et l’instabilité de la région.
Ces évasions massives trouvent bien souvent leur origine dans les conditions de détention désastreuses en RD Congo. Le manque de personnel formé et rémunéré pour la surveillance des établissements pénitentiaires est criant et les taux d’occupation des prisons sont bien au-delà du raisonnable. Ainsi, la prison de Bukavu, d’une capacité de 500 personnes, comptait le jour de l’évasion 1.523 détenus. « Or, la grande majorité des détenus sont en détention préventive. Il faut lutter contre les détentions préventives illégales, afin de désengorger les prisons », plaide la Chef de mission d’ASF.
Dans le cadre du Programme d’Appui au Renforcement de la Justice à l’Est (PARJE – Uhaki Safi), ASF soutient les avocats des barreaux dans la régularisation de personnes en détention préventive illégale.
« Nous devons poursuivre ce travail et « vider » les prisons des personnes qui n’ont pas de raison de s’y trouver, notamment celles qui sont en attente de jugements pour des délits mineurs et dont la mise en liberté n’est pas un danger pour l’ordre public », estime H. Trachez.
ASF appelle les autorités congolaises à mettre tout en œuvre pour garantir la sécurité des victimes et des témoins aux procès qui acceptent de se mettre en danger dans l’intérêt public. ASF lance également un appel pour une meilleure politique pénitentiaire, à mettre en œuvre avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux. « Cette politique est fondamentale car elle garantit l’exécution des décisions de justice. En ce sens, elle contribue à la sécurité du personnel pénitentiaire, des parties au procès et des populations. Elle est un maillon essentiel de la lutte contre l’impunité », conclut la Chef de mission ASF.
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