ASF vient juste de publier son rapport annuel 2023. L’organisation y évoque les nombreux défis auxquels elle fait face à l’heure de la montée des autoritarismes et de la remise en cause des principes des droits humains et de l’État de droit partout à travers le monde.
Face à ces défis, ASF s’adapte et adapte ses approches pour continuer à déployer des actions impactantes et durables en faveur des droits humains. C’est de tout cela (et plus encore) dont il est question dans les pages de ce rapport.
Nous vous souhaitions bonne lecture !
Édito par Chantal van Cutsem, Directrice générale d’ASF
Chère lectrice, cher lecteur,
Évoquer l’action d’ASF en 2023 en quelques lignes est un sacré défi, tant cette année a encore été intense et riche.
Notre développement dans de nouveaux contextes se poursuit (Niger, Kenya et Tanzanie) tandis que les bureaux régionaux de Kampala (Afrique de l’Est) et de Tunis (Euro-Méditérranée), lancés il y a peu, implémentent dorénavant leurs propres projets.
Cette année amena aussi son lot de défis et de préoccupations. Partout à travers le monde, nous assistons à une montée de l’autoritarisme et à une remise en question des principes de démocratie, d’État de droit et de droits humains.
L’espace civique et les contre-pouvoirs sont attaqués, des activistes sont menacé.e.s, intimidé.e.s ou arrêté.e.s, des États ne respectent plus les décisions de justice, des groupes de population sont ciblés et marginalisés, etc.
Ce contexte nous pousse à mettre plus que jamais au centre de toutes nos réflexions la protection de l’espace civique et la défense des défenseur.e.s des droits humains.
Chaque page de ce rapport est un hommage à toutes celles et tous ceux qui subissent pressions et harcèlement, qui risquent leur liberté, et parfois leur vie, du fait de leur engagement en faveur de la justice sociale et des droits fondamentaux.
Nos pensées vont aux dirigeant.e.s de deux associations partenaires au Burundi, qui ont été arrêté.e.s et détenu.e.s pendant de longs mois. Leur engagement les a exposé.e.s à l’arrestation, la détention et l’exil, pourtant il n’a pas faibli.
Au Niger, où nous avons lancé nos premières activités de soutien à la société civile, nos équipes ont fait preuve de résilience face au choc qu’a constitué le coup d’État militaire de juillet 2023.
En Tunisie, les autorités s’attaquent à la société civile et à sa légitimité. Elles déploient des politiques racistes et xénophobes, cautionnées et encouragées par les politiques migratoires européennes, qui exposent les migrant.e.s subsaharien.ne.s à d’innombrables violations de leurs droits et criminalise l’action de celles et ceux qui oeuvrent pour les défendre.
En Ouganda, l’adoption d’une loi anti-LGBTQI+ s’attaque aux droits des minorités sexuelles et de genre ainsi qu’aux organisations de la société civile qui les représentent.
Ces tendances, ces réalités, nous poussent à adapter nos actions et nos positionnements. Elles nous poussent à rassembler, avec nos partenaires, les forces vives au sein de la société civile afin de mener des actions impactantes pour faire face à la montée des autoritarismes et de la violence d’État.
Elles nous amènent à penser notre action toujours plus collectivement, à œuvrer pour créer du lien entre tou.te.s les acteur.rice.s susceptibles de contribuer à lutter pour la justice sociale, les droits fondamentaux et l’État de droit.
Ce travail en coalition et en réseau permet à ASF d’accompagner toujours plus de citoyennes et de citoyens afin qu’il.elle.s puissent revendiquer leurs droits et exiger la redevabilité de leurs décideur.euse.s.
Pour exiger la redevabilité des décideur.euse.s, ASF collabore au sein de communautés de pratique pour initier des contentieux stratégiques devant les cours et tribunaux nationaux et régionaux.
En Afrique et en Europe, nous développons de nouveaux projets avec une multitude d’acteur.rice.s : partenaires nationaux.les, internationaux.les, acteur.rice.s académiques, étudiant.e.s, professionnel.le.s du droit, organisations de la société civile, etc. Á travers notre réseau Justice ExPEErience, nous rassemblons plus de 800 membres qui travaillent en faveur de la défense des droits humains et de l’État de droit.
Ces développements permettent à ASF de poursuivre son ambition de travailler toujours plus en coalition et en réseau. En s’alliant et à une grande diversité d’acteur.rice.s, ASF peut désormais co-construire des stratégies de plaidoyer transnationales solides et contextualisées.
Sur le terrain, ce sont des centaines de personnes en situation de vulnérabilité qui sont informées, conseillées, accompagnées pour revendiquer leurs droits : des personnes en détention préventive en Ouganda, des victimes de crimes internationaux en RDC, des femmes accusées de sorcelleries en RCA, des personnes en situation de migration en Tunisie, les communautés affectées par l’extraction des ressources naturelles en Tanzanie, etc.
Tout ceci ne serait possible sans le travail de nos équipes, le soutien de nos partenaires, de nos membres et de nos donateur.rice.s.
Nous tenons à les remercier ainsi que toutes celles et ceux qui travaillent au quotidien pour lutter contre les injustices dans nos sociétés.
Bonne lecture,
Chantal van Cutsem, directrice générale d’ASF