Uvira (Est de la RD Congo), le 1er juillet 2014 – Dans une région où les groupes armés continuent de sévir, défendre les droits des ex-enfants soldats est une activité à haut risque. A titre d’exemple, deux défenseurs des droits humains (DDH) ont été violemment attaqués dans les bureaux de leur ONG par des hommes armés. Cet incident renvoie aux conditions de travail souvent précaires dans les régions sensibles. C’est dans ce contexte qu’Avocats Sans Frontières (ASF) contribue à soutenir et protéger les DDH menacés ou attaqués.
Alexis (voir photo) et David travaillent pour AGAPE, une ONG congolaise de défense des droits de l’Homme. Le siège de cette ONG se situe à Uvira, une ville à l’extrême-est du Congo, à 15 km de la frontière avec le Burundi. Dans cette région, un grand nombre d’enfants sont enrôlés de force par des groupes armés. C’est un des phénomènes contre lequel AGAPE a choisi de lutter. L’ONG, qui dispose de trois bureaux, compte cinq employés et quinze bénévoles. Son objectif : dénoncer les activités des groupes armés actifs dans la région, et convaincre les enfants soldats de quitter les rangs de ces groupements.
Comme d’autres ONG, AGAPE est la cible des groupes armés. Malgré deux attaques subies en 2013, l’association ne dispose d’aucun système de sécurité permettant de protéger les informations sensibles dont elle dispose. C’est pourquoi Alexis et David ont pris l’habitude de loger sur leur lieu de travail.
Dans la nuit du 9 au 10 mars derniers, les deux DDH dorment paisiblement quand six hommes armés font violemment irruption dans les bureaux. « Ils nous ont menotté les jambes et les bras, et nous ont donné de nombreux coups de poings au niveau de la poitrine », témoigne Alexis. Les deux défenseurs seront torturés pendant plusieurs heures.
Soupçonnés d’appartenir à l’un des groupes armés de la zone, les six miliciens ont ensuite fouillé le bureau de fond en comble et sont repartis avec des documents dénonçant l’exploitation d’enfants soldats, y compris par leur propre milice, ainsi qu’une cartographie des groupes armés actifs dans la région.
Suite à cette attaque, Alexis et David ont dû séjourner plusieurs semaines à l’hôpital. Depuis, le premier est retourné dans sa famille tandis que le second est toujours sous surveillance médicale.
ASF a pris en charge le financement de leurs soins de santé. Une aide légale par ASF est envisagée puisqu’une plainte sera déposée auprès de l’Auditorat Militaire contre les auteurs de l’agression ; le dossier pourra alors être suivi par un avocat du « pool » ASF en RD Congo.
Pour les deux militants, le travail se poursuit : « Même si c’est difficile, nous continuerons le combat mené par AGAPE. Ce qui compte avant tout, c’est l’intérêt et l’avenir de ces enfants soldats ».
Depuis 2011, ASF soutient et protège des avocats et autres DDH au Burundi, au Congo, au Kenya, en Ouganda et au Rwanda. Ce projet est financé par l’Union européenne.