Bruxelles, 29 février 2012 – A l’occasion de la sortie dans les salles de cinéma du documentaire « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? », Avocats Sans Frontières rappelle la nécessité d’une justice impartiale en RD Congo. Le film réalisé par le Belge Thierry Michel retrace le procès des responsables présumés de la mort de l’activiste Floribert Chebeya. Pour ASF, l’enjeu du procès, toujours en cours, ne doit pas porter atteinte au droit à un procès équitable pour les familles des victimes comme pour les accusés.
Au-delà des intérêts des familles des victimes (M. Chebeya et son chauffeur), le dossier Chebeya a une forte valeur « emblématique », compte tenu de la personnalité du militant congolais des droits humains (M. Chebeya dirigeait l’ONG « La voix des sans voix ») mais surtout du défi de justice que représente le procès au Congo. « Ce procès doit se poursuivre en dehors de toute pression éventuelle de la part de l’Etat, de la société civile et des parties », estime Francesca Boniotti, Directrice Générale d’Avocats Sans Frontières (ASF). Les moyens matériels et légaux disponibles doivent permettre d’établir les circonstances du décès de M. Chebeya ainsi que les éventuelles responsabilités personnelles. Enfin, la procédure doit être en mesure de garantir les intérêts légitimes et les droits des toutes les parties sans exception, parties civiles comme accusées.
M. Chebeya avait été retrouvé mort dans sa voiture le 2 juin 2010 à Kinshasa. Le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, n’a toujours pas été retrouvé. Lors du premier jugement rendu en juin 2011 par la juridiction militaire en charge de l’affaire, ASF avait regretté le prononcé de peines de mort à l’encontre de certains des accusés.
Suite à ce premier jugement, le procès est maintenant en phase d’appel et toute l’instruction sera refaite. ASF est directement engagée dans la procédure puisque l’organisation défend les intérêts de certaines parties civiles (dont les frères du dirigeant de l’ONG). Au regard de cette responsabilité, ASF ne peut s’exprimer sur le fond de l’affaire. Toutefois, « même si nous sommes engagés depuis dix ans dans la lutte contre l’impunité en RD Congo, la recherche de la vérité nous importe plus qu’une justice à tout prix », rappelle Francesca Boniotti.
Pour le réalisateur Thierry Michel (« Congo River », « Katanga Business »,…), son film sur l’affaire Chebeya constituera « un travail de fond d’éducation et de sensibilisation à ces problèmes de justice, de résolution de conflits et (…) de paix civile entre les acteurs politiques et les différentes couches des populations congolaise et africaines ».
Avocats Sans Frontières participe à plusieurs soirées débats organisés par des Barreaux suite à la sortie du film à Bruxelles et dans diverses villes wallonnes.