Nairobi, Kenya – Les avocats et autres défenseurs des droits de l’Homme sont souvent les cibles directes des pouvoirs locaux lorsqu’ils enfreignent les droits humains. Pour lutter contre cette situation, Avocats Sans Frontières (ASF) et son partenaire, East Africa Law Society (EALS) ont lancé un vaste projet de soutien et de protection des défenseurs des droits de l’Homme dans cinq pays africains dont le Kenya.
Bien que des efforts pour la démocratisation en Afrique centrale et orientale aient été réalisés, la situation des défenseurs des droits de l’Homme reste préoccupante: intimidations, enlèvements, arrestations, « fausses » procédures criminelles, meurtres sont autant de pratiques courantes utilisées à leur encontre. L’impact de cette situation peut cependant être limité par la défense des droits de ces défenseurs, un appui financier et matériel et la création d’un fonds de protection. C’est précisément l’objectif du projet lancé par ASF et EALS qui couvre le Burundi, le Kenya, l’Ouganda, la République démocratique du Congo et le Rwanda. « Le défi est double », indique Sophie Brondel, coordinatrice du projet pour ASF. « Nous visons à apporter des réponses à court terme mais également des solutions à long terme. D’autre part, s’il y a une stratégie régionale, la situation des défenseurs des droits de l’Homme nécessite une approche spécifique à chaque pays ».
En mai dernier, ASF et EALS ont organisé un séminaire à Nairobi, la capitale kenyane, clôturant ainsi une première série de séminaires tenus depuis le début de l’année dans chacun des pays couverts par le projet. Réunissant des organisations de la société civile, des journalistes, des avocats et d’autres institutions, l’objectif de cet atelier était de faire le point sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme au Kenya et de dégager des voies à suivre pour répondre à des enjeux comme celui de l’impunité des responsables de violations des droits de l’Homme. « Par le biais de ces échanges, nous voulons identifier des synergies et des complémentarités avec le réseau des défenseurs des droits de l’Homme qui existent déjà au Kenya », ajoute Sophie Brondel.
En plus d’accueillir l’événement, la Law Society of Kenya (LSK) a activement participé à son organisation. « Il s’agit de la première tentative d’apporter un soutien spécifique aux avocats de notre pays », a déclaré Eric Mutua, président de la LSK. « Mais s’ils s’exposent parfois à des risques dans leur propre pays, les avocats kenyans sont au premier plan pour protéger les défenseurs des droits de l’Homme dans les pays voisins.»
La création d’un groupe de 40 avocats hautement qualifiés et engagés venant des cinq pays concernés est actuellement en cours. Ce groupe, qui bénéficiera de formations spécifiques, sera entre autres chargé d’apporter une assistance juridique aux avocats et autres défenseurs des droits de l’Homme qui font l’objet d’harcèlements judiciaires. D’une durée totale de trois ans, le projet est coordonné par ASF et EALS au départ d’Arusha, en Tanzanie et financé par l’Union européenne.
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