Kinshasa, RD Congo, 22 août 2016 – Avec l’aide d’ASF, Désiré Loko a été libéré après avoir passé exactement 8 ans, 5 mois et 21 jours en détention préventive à la prison centrale de Kinshasa, alors qu’il était innocent. Son cas illustre la problématique de la détention préventive en RD Congo. Des détenus sont parfois laissés pendant plusieurs années sans qu’aucun juge ne statue sur leur sort, ni accès à un avocat.
Désiré Loko témoigne : « J’étais vendeur ambulant. Un matin, j’ai été arrêté dans la rue à Kinshasa par des policiers, pour vagabondage et mendicité. Ils m’ont emmené au parquet (de grande instance de Kinshasa/Gombe) où j’ai été transféré directement à la prison de Makala (prison centrale de Kinshasa). J’y suis resté quasi neuf ans, sans avoir vu un seul juge».
Originaire de la province de l’Equateur, Désiré venait de s’installer dans la capitale congolaise lorsqu’il est arrêté. Pendant toutes ses années de détention, il n’a reçu aucun appui de sa famille restée en Equateur et qui ignorait tout de sa situation. « En prison, on vous donne à peine à manger. J’ai survécu en travaillant pour un chef de garde. En retour, il me donnait de quoi manger », explique Désiré.
Dans le cadre d’un projet de lutte contre les détentions provisoires massives, un groupe d’avocats appuyé par ASF a pu fournir une assistance judiciaire aux détenus en détention préventive.
C’est ainsi que Désiré Loko a bénéficié d’une assistance judiciaire gratuite via le bureau de consultations gratuites du Barreau de Kinshasa/Gombe.
En octobre 2015, son cas est confié à un avocat, Maître Samuel ATWEKA. Il a fallu plusieurs actes de procédure posés tant devant l’administration pénitentiaire que devant les instances judiciaires, et un plaidoyer auprès du Ministre congolais de la Justice, Garde des Sceaux et Droits Humains, pour que Désiré soit enfin libéré le 24 mai 2016. Dans son ordonnance de main levée de sa détention, le parquet de grande instance de Kinshasa/Gombe a confirmé que Mr. Loko était innocent et que les poursuites judiciaires contre lui n’étaient pas fondées.
« Aujourd’hui, je suis libre. Je rends grâce à Dieu. Mais je ne sais par où commencer. Dépouillé de tout et sans famille à Kinshasa, je ne sais pas quoi faire », déclare Désiré Loko. « Ce que je sais, c’est qu’il y a beaucoup de détenus qui sont dans la même situation que moi. Il faut continuer à les assister », ajoute-t-il.
Maître ATWEKA confirme : « Il est indispensable de se pencher sur la problématique de l’aide légale et de l’assistance judiciaire pour les personnes en situation de vulnérabilité en général, et celles placées en détention préventive en particulier ».
Pendant les deux années du projet d’ASF (2014-2016), des avocats ont pu donner une assistance judiciaire à 2379 adultes (dont 214 femmes) et 522 mineurs (dont 39 filles) dans quatre prisons congolaises.
Retrouvez le témoignage complet de Désiré avant sa libération, et d’autres histoires de vies sur la détention préventive en RD Congo dans le reportage photo de Rosalie Colfs (en français).
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