Les défenseurs des droits humains, acteurs indispensables pour la démocratie en RD Congo

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Kinshasa, le 5 février 2018 – Dans le cadre de la présente période électorale, source de tensions politiques et sociales en République démocratique du Congo (RD Congo), les entraves aux droits et libertés des défenseurs des droits humains et des activistes pro-démocratie sont nombreuses. Menaces, arrestations arbitraires et poursuites judiciaires indues se sont multipliées, témoignant d’une restriction grandissante de l’espace public.* ASF considère que ces acteurs sont des partenaires indispensables à tout processus démocratique. Pour Gilles Durdu, directeur pays en RD Congo, « Une démocratie repose sur la possibilité d’exprimer librement des opinions diverses et sur le vote de citoyens bien informés. Par conséquent, le rôle des défenseurs des droits de l’homme est central et crucial en période électorale. Ils concourent à la participation effective des citoyens au débat démocratique, notamment en plaçant les thèmes d’intérêt général au cœur de la campagne. Ils contribuent à la nécessaire éducation civique des citoyens, leur permettant de prendre part au processus électoral de manière éclairée et de faire valoir leurs droits ». L’une des conditions essentielles à la promotion et à la protection des droits des populations congolaises réside ainsi dans la défense des droits et des libertés de ceux et celles qui se font les porte-voix des autres. Depuis le début de la présente période électorale, ASF est engagée aux côtés de ces défenseurs, notamment en leur assurant une protection légale de qualité lorsqu’ils font l’objet de menaces ou d’attaques ou lorsque leurs activités sont criminalisées, qu’ils font face à des poursuites judiciaires et/ou qu’ils sont placés en détention. « Dans le cadre d’un projet financé par l’Ambassade de Belgique qui s’est clôturé en ce début d’année 2018, nous avons pu offrir une assistance juridique et judiciaire à presque 300 défenseurs des droits humains », poursuit Gilles Durdu.** Ce projet a également assisté les personnes placées en détention en raison de leur participation aux marches publiques organisées par les organisations de la société civile et les mouvements citoyens en vue de réclamer l’organisation des élections ; ou qui ont été arrêtées alors qu’elles vaquaient simplement à leurs occupations à proximité de ces manifestations. « Nous sommes par exemple intervenus au profit d’une vingtaine de personnes qui avaient été condamnées à de très lourdes peines, allant de 3 à 20 ans de prison, suite aux manifestations de septembre et de décembre 2016. Toutes ont été acquittées en appel et libérées grâce à l’excellent travail de nos avocats et à l’application stricte de la loi par les juges », se félicite Gilles Durdu. ASF poursuit actuellement ses efforts en vue de la protection des droits et libertés des défenseurs, afin qu’ils puissent pleinement exercer leur rôle dans un environnement de travail sein et serein, conduisant à des élections apaisées et transparentes, dans le cadre d’un projet financé par l’Ambassade des Pays-Bas.
* En 2017, le Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme a documenté pas moins de 1.375 violations des droits de l’homme et des libertés publiques en lien avec le contexte électoral sur l’ensemble du territoire de la RD Congo, soit une hausse de 25% par rapport à 2016, année pourtant déjà marquée par de nombreuses violations. Les violations les plus rapportées sont les atteintes au droit à la liberté et à la sécurité de la personne, à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’opinion et d’expression. Les membres des organisations de la société civile, des mouvements citoyens pacifiques et les journalistes comptent parmi les principales victimes de ces violations.
** Voir à ce sujet l’étude Exercice et effectivité des droits et libertés publiques des défenseurs des droits humains dans le contexte pré-électoral de la République démocratique du Congo, publiée par ASF en novembre 2017.
Photo de couverture : Yafali Elongo/AJDDH