Face à la propagation du Covid-19, prendre des mesures urgentes et immédiates pour protéger les droits des détenus en Afrique

DétentionDétention

Déclaration conjointe

À l’adresse des gouvernements des États membres de l’Union africaine et des organisations internationales de défense des droits humains en Afrique

Alors que l’Europe est devenue depuis 10 jours le nouvel épicentre de la pandémie du Covid-19, virus qui a d’abord affecté la Chine avant de se répandre dans le reste du monde, les pays africains se préparent à faire face à une augmentation substantielle du nombre de cas. À la date du mercredi 25 mars, on recensait plus de 2000 cas sur l’ensemble du continent, dont 275 décès. 43 pays sur 54 sont actuellement touchés selon Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. Un accroissement rapide de la courbe des cas recensés est à présent inéluctable et des directives ont été prises par les gouvernements visant à juguler la dispersion du virus. Cela est évidemment à saluer. Dans tous les pays submergés par le nouveau Coronavirus, les catégories les plus vulnérables de la population sont aussi les plus exposées aux conséquences graves du virus. À côté des personnes de plus de 65 ans qui constituent la tranche d’âge à risque, les personnes fragiles sur le plan social et économique subissent de plein fouet les éventuelles carences des systèmes de santé et de protection sociale. C’est particulièrement le cas des détenus et des personnes migrantes placées en détention ou en rétention. En effet, selon la communauté scientifique, les prisons et les centres de rétention pour migrants représentent un risque accru, non seulement parce que le virus se propage plus vite dans un lieu confiné, souvent faiblement ventilé et insalubre, mais également parce que les conditions médicales préexistantes fragilisent la santé des détenus. De fait, les maladies infectieuses circulent en plus grandes proportions au sein de la population carcérale (S. Kinner & al., Lancet, 2020). On peut présager qu’en raison de la forte disparité des systèmes de santé et des infrastructures médicales et pénitentiaires dans les différents pays d’Afrique, les niveaux d’exposition à la crise sanitaire seront variables. Néanmoins, la question des prisons est actuellement trop largement ignorée dans le contexte africain, alors même que les prisons sont des lieux à haut risque de transmission. Actuellement, dans la plupart des pays, les seules initiatives prises pour réduire la dispersion du virus en milieu carcéral se limitent souvent à interdire les visites des familles et des proches et à supprimer les activités collectives. De telles mesures amènent plusieurs remarques : Si les signataires de ce communiqué ne contestent pas en soi la nécessité de maîtriser davantage la communication entre les détenus et leurs proches afin de les protéger, ils soulignent que les droits des détenus doivent être garantis et demandent à ce que des alternatives soient trouvées : communications à distance, derrière une vitre ou par téléphone, lorsque cela est possible. Mais surtout, les signataires considèrent que de telles mesures ne sont que subsidiaires par rapport à la nécessité de réduire substantiellement et immédiatement la population carcérale. Ainsi, les signataires demandent aux gouvernements africains d’agir sans délai pour protéger la population carcérale et lutter structurellement pour l’ensemble de la population en réduisant la pression carcérale dans les différents pays. Ils recommandent dès lors :   À côté des mesures visant à réduire la population carcérale, les signataires demandent aux autorités de : Signataires  ONGs et acteurs nationaux  ONGs et acteurs internationaux Télécharger le document