juin 7, 2012

Affaire OLUCOME : un verdict mais pas de vérité

BurundiDéfenseur.e.s des droits humainsNews

Bujumbura / Bruxelles, le 7 juin 2012 – Suite au verdict rendu le 22 mai dernier  condamnant tous les prévenus, Avocats Sans Frontières (ASF) estime que cette décision ne fait pas toute la vérité sur l’assassinat d’Ernest Manirumva, Vice-président de l’ONG Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME). ASF demande à ce que le Tribunal motive clairement sa décision pour permettre une phase d’appel selon les règles d’un procès équitable. ASF rappelle également avec insistance la nécessité d’ouvrir de nouvelles investigations afin d’identifier tous les coupables.

Les 14 accusés d’Ernest Manirumva ont été condamnés par le Tribunal de grande instance de Bujumbura à des peines d’emprisonnement allant de 10 ans à la perpétuité. « Cette condamnation ne saurait en aucun cas satisfaire les victimes de ce crime, dont l’ONG OLUCOME », déclare Jean-Charles Paras, expert Droits Civils et politiques d’ASF. « Nous espérions que la justice burundaise se donne enfin les moyens de faire toute la vérité sur les faits et s’engage véritablement dans la lutte contre l’impunité des crimes commis contre les défenseurs des droits humains », poursuit-il. Or, de nombreux doutes existent quant au rôle que chacun des accusés a pu jouer, et surtout quant à la responsabilité d’autres personnes qui n’ont jamais été interrogées ni poursuivies.

Pour ASF, plusieurs pièces importantes du dossier pénal devaient notamment conduire à effectuer certaines investigations complémentaires. Les avocats d’OLUCOME ont d’ailleurs demandé à plusieurs reprises lors du procès à ce que des investigations complémentaires (auditions et tests ADN) soient faites mais ces demandes ont été rejetées par le Parquet et le Tribunal. Les raisons de ce dernier refus restent encore inconnues. En effet, le verdict du 22 mai a été rendu en l’absence de toutes les parties et de leurs avocats, et aucune motivation détaillée n’a encore été communiquée. « Nous attendons toujours cette motivation afin que les parties civiles puissent établir une stratégie en appel car nous sommes persuadés que les véritables auteurs et commanditaires ne sont pas inquiétés», conclut Jean-Charles Paras.

Les coupables de l'affair Olucome

Depuis le début du procès en juillet 2010 (cfr.photo), ASF, aux côtés de l’avocat mandaté par OLUCOME, soutienl’orga la défense des parties civiles avec l’intervention directe de Maître Alexis Deswaef, du Barreau de Bruxelles, soutenu par un membre du « pool » d’avocats d’ASF au Burundi.

Ernest Manirumva avait été retrouvé frappé à mort le 9 avril 2009 à l’extérieur de son domicile. OLUCOME enquête depuis des années de façon approfondie sur plusieurs affaires de malversations et de corruption imputées à de hautes autorités du pays.

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