Kampala, le 12 juin 2015 – L’African Great Lakes Human Rights Defenders Protection Fund (Fonds de protection des défenseurs des droits de l’homme dans la région des Grands Lacs africains) est enfin devenu réalité! Initié par ASF, l’East Africa Law Society et des partenaires régionaux, ce mécanisme financier innovant représente une première. Il a été créé pour protéger les droits et libertés des défenseurs des droits de l’homme dans la région des Grands Lacs africains (Burundi, Kenya, Ouganda, RD Congo, Rwanda et Tanzanie).
Les défenseurs des droits de l’homme (DDH) sont les personnes qui œuvrent à la défense des droits de l’homme pour et au nom des populations et communautés les plus vulnérables. Toutefois, dans la région des Grands Lacs africains, le droit des DDH à promouvoir et protéger les droits de l’homme, pourtant défini par les législations nationales et internationales, est trop souvent bafoué. Le travail des DDH les expose à des risques de persécution : menaces physiques, poursuites pénales ou administratives, harcèlement, et même actes de violence graves. Bien que « les risques fassent partie inhérente du travail de défense des droits », comme le précise l’un des défenseurs en question, la seule manière d’aller de l’avant est de protéger et de soutenir les DDH à poursuivre leur travail si essentiel.
Plusieurs études menées dans la région ont permis d’évaluer les besoins spécifiques des DDH en matière de protection et ont mis en évidence leur besoin criant de soutien légal. C’est pour y répondre que le Fonds a été conçu : il vise à offrir une réponse aux problèmes tels que les lacunes du cadre légal actuel, l’absence de lois spécifiques visant la protection des DDH, l’interprétation et l’application abusive de lois existantes ou encore le manque de services légaux au profit des DDH et des organisations de défense des droits de l’homme dont les activités ont été criminalisées ou qui sont victimes d’attaques et/ou de menaces.
Madame Margaret Sekaggya, ancienne Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des DDH, a résumé l’impact de cette initiative : « Le Fonds jouera un rôle important en contribuant aux initiatives existantes et en répondant aux besoins identifiés. »
Les nombreux DDH et toutes les personnes œuvrant pour les droits de l’homme dans la région ont également salué la création du Fonds. Comme le précise Gerald Kankya, lauréat du Prix des DDH de l’Union européenne en 2012 : « Je puise mon courage dans le fait que certaines personnes ont l’envie et la possibilité de fournir une assistance pratique contre les risques, les menaces ou les attaques dont je fais l’objet dans le cadre de mon travail de défense des droits de l’homme. Grâce au Fonds, je me sens en quelque sorte assuré contre ces risques. Bravo à ASF ! »
Comme l’explique Gilles Durdu, coordinateur régional d’ASF : « Ce Fonds est une première car il découle d’un partenariat entre les principales organisations de DDH dans la région*, possédant une grande expérience et une véritable expertise dans les domaines du droit et de la protection, et offrant ainsi des réponses de grande qualité. Ce partenariat garantit une représentation nationale sans pour autant empiéter sur les initiatives déjà en place. ».
Gilles Durdu a également ajouté que le Fonds serait géré par un responsable régional, mais que des relais dans chaque pays permettraient de connecter le réseau local au Fonds. Ces relais auront pour tâche d’identifier, de vérifier et d’évaluer les demandes spécifiques de recours au Fonds.
Depuis le lancement du Fonds, l’équipe d’ASF a travaillé d’arrache-pied pour veiller à ce que les DDH actuels et futurs soient informés de l’aide qu’il peut leur fournir. Pour atteindre ses objectifs, le Fonds devra compter sur le soutien inconditionnel de l’ensemble des acteurs partageant cette même vision.
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