Bruxelles/La Haye, le 10 février 2014 – Alors que la Cour Pénale Internationale (CPI) débute aujourd’hui l’analyse des charges contre le chef de guerre congolais Bosco Ntaganda, Avocats Sans Frontières (ASF) rappelle que la sécurité des 922 victimes participant à cette procédure est impérative. Surnommé « Terminator », Bosco Ntaganda est accusé d’avoir commis de nombreuses violations des droits humains, dont l’enrôlement d’enfants soldats et l’utilisation du viol comme arme de guerre dans l’est de la RD Congo. ASF a récolté et transmis la plupart des témoignages des victimes devant la CPI dans cette affaire hautement symbolique de la lutte contre l’impunité.
Suite à la reddition le 18 mars 2013 de Bosco Ntaganda à la CPI, l’audience de confirmation des charges débute ce lundi 10 février 2014 à La Haye (Pays-Bas). Ce haut-gradé est accusé de 18 chefs d’accusation pour crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de victimes.
Au cours de cette audience, une partie de ces victimes sont autorisées à participer par le biais de leurs avocats. « C’est une étape importante car les victimes ont évidemment beaucoup d’attentes. Non seulement elles espèrent que leurs voix seront entendues, mais elles attendent surtout réparations des crimes qu’elles ont subis », estime Luc Meissner, Coordinateur de programme Justice Internationale ASF. « Cet espoir est encore plus fort pour les quelque cent enfants soldats, dont la plupart sont victimes de graves violations commises par Thomas Lubanga, un autre chef de guerre condamné par la CPI en 2012. Ceux-ci attendent toujours la décision sur les réparations auxquelles elles ont droit ».
Si ASF se réjouit de la participation des victimes, l’ONG insiste pour que leur sécurité soit pleinement assurée et leurs témoignages restent confidentiels. « Les victimes devront être informées de l’évolution de l’audience. Or, malgré la reddition du mouvement M23, la situation à l’Est de la RDC reste volatile. Du coup, l’accès aux victimes qui vivent toutes dans les zones touchées par le conflit – notamment dans le district de l’Ituri – reste précaire », constate Luc Meissner.
Actives tant sur le terrain qu’auprès de la CPI depuis 2002, les équipes d’ASF ont contribué à la participation des victimes dans l’affaire Ntaganda. En Ituri, ASF et ses partenaires locaux ont assuré la récolte des témoignages des victimes et facilité les contacts avec la CPI.
« Etant donné le niveau de pouvoir et d’influence qu’exerçait Bosco Ntaganda dans la région, cette affaire est une étape importante dans la lutte contre l’impunité des auteurs de violations extrêmement graves des droits humains. C’est pourquoi la sécurité des victimes et témoins ainsi que l’issue du procès sont fondamentales pour construire la confiance des populations en la justice. Nous resterons donc vigilants quant aux effets sur le terrain du traitement de cette affaire devant la CPI », conclut Luc Meissner.
Photo: Bosco Ntaganda lors de sa première parution devant la Cour Pénale Internationale le 26 mars 2013 © ICC-CPI