Burundi: combler le fossé entre justice formelle et informelle
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Bujumbura, le 20 mars 2018 – Début mars s’est tenu le premier atelier d’échanges entre les 90 avocats des deux barreaux du Burundi, sélectionnés pour collaborer au projet « Menya Utunganirwe » (Connais et revendique tes droits) d’ASF. L’objectif était notamment de les sensibiliser à l’utilisation des modes alternatifs de résolution des conflits (MARC). Non enseignés dans leur parcours de formation, les MARC sont peu connus des avocats. ASF estime qu’ils constituent pourtant un levier essentiel pour résoudre des conflits, et que les avocats ont un rôle primordial à jouer dans leur promotion.
Au Burundi, certains MARC (médiation, négociation, conciliation…) existent dans la loi, mais ces mécanismes sont peu utilisés par les avocats. Me Salvator Kiyuku, Bâtonnier du Barreau de Bujumbura, estime que « le manque d’accès à la justice froisse le besoin de justice tant du citoyen que de l’avocat ». Ici, « l’occasion est donnée aux avocats d’être une voie, une voix et un être social pour assister les personnes que la douleur accable. »
Pour mieux répondre aux besoins de la population burundaise, la justice doit être envisagée dans un sens large, dépassant ses aspects institutionnels et formels : une justice réconciliatrice, transformant le conflit destructeur en une opportunité de construire la paix durable pour le futur. Les avantages sont nombreux : moins couteuse en temps et en argent, cette justice offre le contrôle aux parties en conflit et préserve la confidentialité. Céline Laloux, Coordinatrice stratégie & développement d’ASF, a invité les avocats à « ouvrir leurs habitudes et leur pratique, à être des ‘avocats sans frontières’, afin progressivement de combler le fossé existant entre justice formelle et justice informelle, complémentaires l’une de l’autre. » Me Jean Bosco Bigirimana, Bâtonnier du Barreau de Gitega, ajoute qu’« un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès. ». Une remarque qui n’a pas manqué d’interpeller les avocats !
La réflexion autour des MARC a d’ailleurs suscité de nombreux questionnements sur le rôle des avocats au sein de la société et la perception de leur métier : « Si les parties ont trouvé un arrangement et que l’avocat n’a pas plaidé, sera-t-il payé ? », « Le client va penser qu’il n’a pas gagné s’il n’y a pas de jugement devant un tribunal »…
Longin Baranyizigiye, Coordinateur recherche et apprentissage chez ASF, répond que dans sa pratique, l’avocat doit être bien informé et tracer un cadre avec son client. « Si le résultat est positif pour la relation entre les parties, le client sera satisfait et les qualités de l’avocat seront reconnues, » précise-t-il. Il invite les avocats à développer de bonnes pratiques innovantes lorsqu’ils accompagnent leurs clients dans un processus de conciliation. « C’est pour l’avocat une opportunité de sortir du cadre rigide de la procédure classique et de laisser s’exprimer son talent et sa créativité au service de son client. »
D’une durée de 5 ans (2017-2021), le projet « Menya Utunganirwe » est financé par la Coopération belge au Développement et mis en œuvre par ASF, les Barreaux de Bujumbura et Gitega, l’Association pour la Paix et les Droits de l’Homme et l’Association des Femmes Juristes.
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