Bujumbura (Burundi), le 7 décembre 2017 – Après plusieurs mois de préparatifs, le lancement officiel du projet «Menya Utunganirwe» («Connais et revendique tes droits») a eu lieu la semaine dernière à Bujumbura. Avocats Sans Frontières, les Barreaux de Bujumbura et Gitega et deux organisations de la société civile, l’Association pour la Paix et les Droits de l’Homme et l’Association des Femmes Juristes du Burundi, se retrouvent autour d’un objectif commun: rapprocher les justiciables de la justice, en en facilitant l’accès par des mécanismes de proximité qui répondent à leurs préoccupations et leurs attentes.
Bien qu’il s’agisse d’un droit reconnu, l’accès à la justice reste difficile pour la majorité des citoyens burundais. Un des défis rencontrés est la méconnaissance des procédures, due notamment à leur complexité et à un taux élevé d’analphabétisme. Les citoyens ne sont pas informés. «Vendre son lopin de terre pour payer une procédure judiciaire, est-ce une solution?» soulève Sistor Havyarimana, coordinateur de programme chez ASF. «Le justiciable doit pouvoir être informé des possibilités qui existent et faire un choix selon sa situation». La distance et le faible accès aux avocats limitent également l’accès à la justice. «Certains conflits s’enveniment : un simple conflit foncier peut engendrer un meurtre, alors qu’une intervention plus tôt aurait pu mener à une solution pacifique».
Monsieur Arcade Harerimana, Secrétaire Permanent au Ministère de la Justice et Mme Christella Kankindi, responsable du groupe de coordination «demande de justice», ont rappelé que le droit d’accès à la justice est consacré dans la politique sectorielle du Ministère. Néanmoins, tous deux ont souligné les obstacles qui subsistent pour de nombreux citoyens vulnérables. «Cette vulnérabilité peut être financière, personnelle (l’âge, la maladie, l’éducation, la religion…) ou encore liée à la nature du problème rencontré» précise Mme Kankindi.
C’est pourquoi ASF et ses partenaires s’engagent ensemble pendant cinq ans autour d’un projet qui s’articule en trois axes :
- Renforcer le pouvoir d’agir des justiciables pour favoriser la prévention des conflits, en les rendant acteurs dans la réalisation et la revendication de leurs droits. Des facilitateurs communautaires, proches des citoyens, seront accompagnés pour répondre aux besoins d’information et d’orientation de la population. Il s’agit également de diversifier les modes de résolution de conflit.
- Renforcer des mécanismes de justice indépendants, efficaces et de qualité, afin de contribuer à l’avènement de l’état de droit. Les compétences des avocats seront renforcées et ceux-ci seront formés sur des thématiques identifiées. La délivrance de services d’aide légale de qualité par les avocats sera également appuyée par ASF. Selon Maître Salvator Kiyuku, bâtonnier du Barreau de Bujumbura, les avocats sont soucieux de répondre aux défis que rencontrent les citoyens burundais. L’avocat a un rôle social à jouer et doit défendre les citoyens vulnérables ; « c’est une obligation morale, déontologique et sociale », a-t-il précisé.
- Coordonner les acteurs de la justice et échanger sur les pratiques innovantes. Les mécanismes alternatifs de résolution de conflit et les mécanismes judiciaires sont vus comme complémentaires et les acteurs peuvent se renforcer mutuellement en créant un cadre de travail commun.
Le projet « Menya Utunganirwe » est financé par la Coopération belge au Développement.
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