Au Maroc, l’usage des drogues est encore régi par une loi datant de 1974 : le Dahir portant loi n°1-73-282. Son article 8 punit tout usage de l’une des substances ou plantes classées comme produit stupéfiant. Il prévoit une condamnation de 2 mois à un an d’emprisonnement et une amende de 500 à 5000 dirhams (environ 50 à 500 USD) pour les consommanteur‧rice‧s.
Il est difficile d’avoir des données précises en la matière mais il ressort globalement que les délits de possession et de consommation illégales de substances proscrites sont les premières causes d’incarcération dans le pays. La criminalisation des usager.ère.s de drogue contribue fortement à la surpopulation carcérale endémique au Maroc où certaines prisons atteignent des taux d’occupation de 240%.
Ce surpeuplement, notamment aggravé par la criminalisation de l’usage des drogues donc, sert de justification principale à des programmes visant à augmenter la capacité des établissements pénitentiaires.
S’il est bien entendu impératif, de « dégraisser » les prisons afin que les détenu.e.s puissent bénéficier de conditions de détention dignes, de nombreuses études criminologiques ont démontré que la construction de nouvelles prisons contribue toujours à l’emprisonnement de davantage de personnes. L’augmentation de la capacité des prisons n’est donc pas une réponse structurelle durable et efficace face au problème de la surpopulation carcérale.
Dans ce cadre, ASF au Maroc mène, avec la coalition marocaine de la campagne pour décriminaliser la pauvreté (voir Euro-méditérannée), une série d’actions de plaidoyer auprès des institutions publiques afin de renforcer le débat sur la décriminalisation de l’usage des drogues dans une perspective de réduction de risques.
Il est nécessaire de mettre en place une politique attentive aux droits et aux besoins des usager.ère.s, permettant de prévenir les dommages liés à l’utilisation des drogues et de tenir compte de leur fragilité.
ASF, en tant que représentante du sous-groupe ‘Afrique du Nord’ de la campagne pour décriminaliser la pauvreté, a organisé un atelier stratégique visant à élaborer un nouveau plan d’actions à implémenter au niveau national, ainsi qu’aux niveaux régional et international, le 19 et le 20 juin 2023, à Casablanca – Maroc.
Durant cet atelier, la coalition marocaine a identifié la thématique de la décriminalisation de l’usage de drogue comme priorité de son plan d’actions 2023-2027.
Dans cet optique, la coalition marocaine appelle à former le personnel de liaison entre la police et les services de santé, à investir dans des programmes de réduction de risques, et à lancer une campagne d’information publique sur les bénéfices de la décriminalisation.