Maître Maryse Alié est avocate au Barreau de Bruxelles et membre de l’International Legal Network d’ASF. Dans ce cadre, elle a participé à plusieurs missions d’observation judiciaire du procès emblématique « Rachel Corrie » à Haïfa (Israël), et animé au Burundi des sessions de formation sur le rôle de l’avocat dans la prévention du crime de torture.
Maître Alié, qu’est-ce qui vous a motivée à vous investir dans l’International Legal Network d’ASF ?
Après mes études de droit, j’ai pu acquérir un master en coopération au développement, option droit comparé, et un master en droits de l’homme. J’ai ensuite travaillé pour diverses organisations internationales, dont plusieurs années au Bureau du Haut Commissariat aux droits de l’homme au Cambodge et à la Cour pénale internationale. Avocate à Bruxelles, il me paraissait donc tout naturel de m’investir via l’action d’Avocats Sans Frontières et de répondre à la demande qui m’a été faite de rejoindre l’ILN.
Concrètement, en quoi ont consisté vos interventions ?
La formation au Burundi était un projet développé avec plusieurs confrères bruxellois et consistait en un séminaire de plusieurs jours, basé sur le partage d’expériences avec un groupe d’avocats congolais, rwandais et burundais rassemblés pour l’occasion à Bujumbura.
L’objectif visait l’amélioration du travail de ces avocats dans les dossiers « torture » que leur confie ASF dans leurs pays respectifs. Nous avons donc développé des modules d’activités et cas pratiques incluant un travail de réflexion en lien avec les éléments constitutifs des actes de torture, la rédaction de plaintes, le développement de conclusions, les stratégies de défense, la préparation de la plaidoirie, etc.
Quant au procès Rachel Corrie c. le Ministère de la défense israélien, il s’agit d’assurer une observation judiciaire du procès en cours devant le tribunal de district d’Haifa via des missions ou un suivi à distance. Je collabore avec un juriste irlandais, spécialiste des problématiques « droits de l’homme » dans le contexte israélo-palestinien.
Bien entendu, notre travail comporte des analyses juridiques et la rédaction de rapports détaillés au bénéfice d’ASF. Cette intervention, bien que complexe et délicate, est particulièrement intéressante vu les enjeux du procès et les questions de droit qu’il implique.
Qu’avez-vous appris de ces expériences ?
Énormément ! Ce sont avant tout des expériences humaines qui permettent de rencontrer d’autres confrères tant à Bruxelles que sur le terrain, sans compter le très dynamique staff d’ASF ! Même si les challenges sont toujours au rendez-vous (ou peut-être aussi grâce à eux), travailler dans le cadre d’échanges internationaux est bien évidemment enrichissant. Entre autres aspects positifs, on peut citer : la confrontation à d’autres systèmes judiciaires, le partage d’expériences, de cultures, de projets, beaucoup de difficultés et de barrières aussi… sans compter les moments d’humour !
Bien sûr, il faut éviter tout droit-de-l’hommisme ou attitude néocolonialiste et mieux vaut ne pas être naïf : c’est un travail qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan… mais l’engagement en vaut la chandelle !
Votre engagement dans l’ILN est-il compatible avec votre pratique professionnelle d’avocate en Belgique ?
Oui tout à fait ! Certes, des aménagements au niveau des audiences sont nécessaires, mais les missions sont généralement assez courtes ce qui ne crée pas de grandes difficultés d’organisation. En outre, une partie du travail peut se faire à Bruxelles (recherches factuelles et juridiques, analyses, rédactions de rapports, etc.)… et si partir en mission peut être compliqué pour certains confrères, il est toujours possible de s’engager dans des activités qui ne nécessitent pas de déplacement à l’étranger.
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