Humains, pas esclaves: briser le tabou de la traite des êtres humains en Tunisie

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Depuis quelques mois, du Kef à Sfax, des centaines de personnes se mobilisent pour libérer Manel, Kayta, Morjena et Hamma. Ces quatre mannequins symbolisent des victimes de la traite des êtres humains, un phénomène largement répandu et pourtant méconnu en Tunisie. ASF et ses partenaires ont décidé de s’attaquer à ce tabou, pour faire évoluer les consciences et les pratiques. La traite des êtres humains est le 3e crime organisé le plus lucratif à l’échelle mondiale. La Tunisie est à la fois un pays d’origine, de transit et de destination pour ses victimes. Les enfants et les migrants en situation irrégulière sont particulièrement vulnérables au travail forcé, à l’exploitation domestique ou encore à la prostitution. Adoptée il y a un an, une loi interdit et punit sévèrement la traite; une Instance de lutte contre la traite a par ailleurs été créée début 2017. Pourtant, la problématique fait l’objet d’un tabou social fort. La population est mal informée sur le sujet et sur ses droits et devoirs, les victimes hésitent à témoigner, les pratiques de traite perdurent. Depuis quelques mois, ASF et ses partenaires font évoluer les mentalités: « A travers des mannequins de vitrine (photo), nous confrontons les citoyens tunisiens aux parcours et aux souffrances des victimes de la traite« , explique Nadia Ben Halim, Coordinatrice de programme ASF. Face à Manel (13 ans, esclave domestique), Morjena (29 ans, forcée à se prostituer) ou encore à Hamma (6 ans, vendeur de fleurs), passants ou spectateurs du festival de Hammamet se heurtent à un choix: « Libérez-moi » ou « Achetez-moi ». Ils reçoivent ensuite une photo accompagnée d’un message commentant le choix effectué.
© ASF
« Nous informons la population sur la réalité de la traite aujourd’hui en Tunisie« , complète Nadia Ben Halim. « Nous expliquons aussi les peines encourues par les personnes reconnues coupables de traite sous toutes ses formes, qui peuvent aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 50.000 dinars d’amende (environ 18.000 euros). Nous invitons les personnes témoins de situations de traite à les dénoncer auprès des autorités compétentes. Nous voulons ainsi faire changer les consciences et les pratiques au sein de la société tunisienne« . La campagne de sensibilisation se décline en une installation interactive, des spots télé et radio et une application Facebook. Elle a déjà eu un grand retentissement dans le pays. A ce jour, la vidéo a été visionnée plus de 100.000 fois et partagée plus de 600 fois sur les réseaux sociaux. La campagne fait partie d’un projet biennal porté par Avocats Sans Frontières, le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux et NOVACT, avec le soutien de l’Union européenne. Ce projet cherche à lutter contre la traite des êtres humains en Tunisie par des actions de sensibilisation, de plaidoyer mais aussi de renforcement des capacités des acteurs concernés. #3bed_mouch_3abid #EndHumanTrafficking #30 juillet, journée mondiale de la dignité des victimes de la traite d’êtres humains
Photo de couverture © Afkart pour ASF