Makawanpur, Népal, le 3 juin 2013 – Améliorer l’accès à la justice est crucial pour lutter contre l’impunité du trafic d’êtres humains au Népal. En collaboration avec le barreau du district et avec une ONG partenaire, le Forum pour la Protection des Droits des Peuples (Forum for Protection of People’s Rights – PPR), Avocats Sans Frontières (ASF) organise des boutiques de droit itinérantes pour pallier à ce phénomène répandu. Grâce à ces centres de consultations juridiques itinérants, les communautés sont sensibilisées à leurs droits et reçoivent des conseils professionnels lorsqu’ils sont confrontés à des problèmes d’ordre juridique.
Ces dernières années, la traite des êtres humains est devenue un problème de plus en plus inquiétant au Népal. Hommes, femmes et enfants courent le risque d’être enlevés, transportés, et exploités ou vendus sous la contrainte.
« Le trafic est principalement axé sur la transplantation d’organes, le mariage, la prostitution et la servitude domestique, pour la plupart à l’étranger. L’Inde, la Corée, Hong Kong (*), le Tibet (**) et les pays du Golfe représentent les principales destinations », explique M. Mukunda Adhikari, le coordinateur PPR du district. On estime qu’environ 11.500 personnes ont été ou ont failli être victimes de la traite d’êtres humains en 2011, un nombre deux fois plus élevé qu’en 2010. Chaque année, de 5.000 à 7.000 femmes et filles sont enlevées et envoyées en Inde à des fins d’exploitation sexuelle.
Face à ce problème, le barreau du district de Makawanpur, PDP et ASF ont décidé d’organiser des boutiques de droits itinérantes spécialisées dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Les boutiques de droit ont lieu une fois par mois dans trois municipalités et ciblent les représentants de la police, les groupes de femmes, les organisations communautaires et les avocats, ainsi que les populations touchées. Elles sont menées par deux avocats du barreau du district. Pendant la première partie consacrée à la prise de conscience et à la sensibilisation, ils clarifient les problèmes juridiques applicables au contexte local ou soulevés par les participants, comme la traite d’êtres humains, les droits fondamentaux et les droits des femmes. Ensuite, ils apportent des conseils juridiques, par exemple sur la procédure permettant de déposer plainte dans le cas d’un incident lié à la traite des êtres humains. Si certaines personnes ont besoin d’une représentation en justice, elles sont dirigées vers le barreau du district, où elles obtiendront gratuitement une aide juridique.
Récemment, à Hativa, cette initiative a reçu le soutien d’un juge de district, M. Tek Narayan Kunwar, qui a participé et interagi avec les personnes présentes. « Les difficultés dans la lutte contre la traite des êtres humains sont variées », se désole-t-il. « Les causes sous-jacentes varient d’une victime à l’autre ; elles vont de la pauvreté et du chômage à la discrimination et l’impunité. Cette complexité rend d’autant plus difficile la lutte contre ce fléau. »
M. Gopi Parajuli, Chef de mission d’ASF au Népal : « Grâce au soutien que nous apportons à ces boutiques de droit, nous contribuons à l’amélioration de l’accès à la justice et à la lutte contre l’impunité au Népal. »
(*) (**) respectivement région administrative spéciale et région autonome de Chine
Le juge de district participe à la session © ASF