Les Népalaises en quête de leurs droits

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Népal, le 23 avril 2014 – Quand un Népalais abandonne sa famille, il est courant que sa femme soit réduite à l’indigence. Les Népalaises se voient systématiquement dénier leurs droits, tout spécialement la propriété, l’héritage et la pension alimentaire. En association avec des barreaux locaux, Avocats Sans Frontières (ASF) joue un rôle crucial non seulement dans la sensibilisation des femmes à la loi afin qu’elles revendiquent leurs droits, mais aussi dans leur accompagnement tout au long des procédures judiciaires.   

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Malati Rajbanshi Lama – en compagnie de sa fille Jasmin Lama – présente son cas à un centre de consultations juridiques gratuites soutenu par ASF © ASF – N. de Oliveira

Dans la société népalaise, la femme, une fois mariée, est sommée de renoncer à sa propre famille au profit de celle de son mari. Elle dépend fortement de cette nouvelle famille, qui devient l’unique source de ses moyens d’existence, de sa sécurité économique et de son statut social.

Malati Rajbanshi Lama (voir photo) vit dans un village isolé, situé à une centaine de kilomètres de la capitale, Katmandou. « Après le départ de mon mari, je n’ai jamais eu le moindre soutien financier de sa part, ni pour moi ni pour mes enfants. Mes beaux-parents refusent de reconnaître mon mariage et m’interdisent l’accès à ma maison », raconte-t-elle. « Mes enfants allaient jadis à l’école, mais ce n’est plus possible à cause du coût trop important de l’enseignement. »

Grâce à l’intervention d’un barreau local soutenu par ASF, Malati a pris conscience de ses droits et des procédures judiciaires. Dans le centre de consultations juridiques gratuites le plus proche, elle a bénéficié des conseils d’un avocat et s’est sentie habilitée à porter l’affaire devant le tribunal local.

À présent, Malati vit avec ses trois enfants dans une maison d’accueil publique et touche un revenu quotidien tout juste suffisant pour l’entretien de sa famille. Les enjeux de son procès sont la division de propriété, la pension alimentaire et la reconnaissance du statut matrimonial, ce dernier constituant, au Népal, un élément important pour l’enregistrement et les droits de citoyenneté, autant pour elle que pour ses enfants. Elle attend à présent la décision du tribunal qui devrait améliorer ses conditions de vie : « Nous attendons une décision dans les cinq prochains mois. C’est long, mais mes avocats sont confiants. »

Les activités de sensibilisation juridique d’ASF, tels des centres de consultations juridiques itinérants dans les districts et des programmes radio de sensibilisation, visent à fournir des informations sur la loi et les services juridiques auprès des personnes en difficulté, comme Malati.

ASF vise également à augmenter la demande de services juridiques offerts par les barreaux de districts, ainsi qu’à renforcer les moyens des barreaux et des avocats individuels pour l’assistance aux personnes vulnérables et marginalisées.

Les programmes de sensibilisation juridique mis en œuvre par l’intermédiaire de la radio, des écoles et des centres itinérants ont permis d’atteindre plus d’un million de personnes dans cinq districts du pays. 1.277 personnes ont bénéficié directement d’une consultation juridique, d’une assistance juridique et, dans la mesure du possible, d’une représentation en justice.

ASF a travaillé en étroite collaboration avec le Barreau népalais, ainsi qu’avec deux autres organisations (*). Le projet est financé par le Ministère belge des Affaires étrangères.

(*) Le PPR (Forum for Protection of People’s Right) et le LACC (Legal Aid & Consultancy Center)

Photo principale: Malati Rajbanshi Lama © ASF – N. de Oliveira