Cette article est issu du rapport annuel 2023 d’ASF.
En Ouganda, les femmes jouent le plus souvent un rôle secondaire dans la vie sociale, économique et politique du pays. Les discriminations qu’elles subissent sont nombreuses. Elles sont sous-représentée dans les emplois non-agricoles, ne contrôlent que très rarement les ressources productives (telles que la terre), sont victimes de violences sexuelles et sexistes, ont un accès restreint à l’éducation et participent peu à la prise de décision au sein du ménage et de la communauté.
La lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) doit passer notamment par d’avantage d’indépendance économique pour les femmes. Par exemple, les femmes qui souffrent de pauvreté, de chômage, et de dépendance aux aides sociales sont les plus touchées par les VBG.
Les initiatives qui visent à donner davantage d’indépendance économique aux femmes deviennent alors un outil puissant pour prévenir et combattre les VBG. L’indépendance financière élève non seulement leur statut des femmes dans la société, mais elle leur permet aussi de revendiquer la réalisation de leurs droits et de s’impliquer dans la vie civique et politique, promouvant de cette manière une gouvernance plus inclusive et qui répond à leurs besoins socio-économiques spécifiques.
Le projet « From Access to Equality » incarne cette double ambition. Les femmes participantes sont sensibilisées sur leurs droits et reçoivent des mini-bourses pour permettre la facilitation de leur émancipation économique.
Les mini-bourses sont une forme de subvention en espèces ou en capital accordée à un large éventail de femmes, y compris des survivantes de VBG et d’anciennes détenues, pour leur permettre de se réinsérer dans la société. Les femmes en conflit avec la loi dans les prisons sont pour la plupart des femmes peu ou pas éduquées, issues de milieux très pauvres, mais dont les revenus sont indispensables à la vie de toute la famille. Ces subventions les aident à développer leurs activités économiques, allant des entreprises agricoles à l’artisanat, ce qui permet d’élever des individus et mais aussi des communautés entières.
Partant du constat que la sensibilisation aux droits seules ne suffit pas à l’émancipation juridique des femmes (legal empowerment), les partenaires du Projet FATE œuvrent pour créer les conditions qui leur permettent d’appliquer ces connaissances acquises pour défendre leurs intérêts. En 2023, le projet FATE a soutenu 24 femmes sorties de prison afin qu’elles puissent créer leur entreprise grâce à des start-up packs distribués par Penal Reform International (PRI). ASF a accordé 16 mini-bourses à des femmes et des filles, notamment des victimes de VBG. Le start-up pack pour les les ex-détenues soutient leur réintégration dans leur communauté tout en les préservant du risque de récidive. Les projets soutenus sont par exemple des fermes, des boulangeries, des porcheries, des activités d’achat et de revente, de la production de savon, etc. Ces entreprises/projets contribuent à préserver ses bénéficiaires de la mauvaise situation économique du pays, subie par la majorité des Ougandai‧se‧s, et particulièrement les femmes, qui souffrent notamment de la hausse du prix des biens de première nécessité. Par exemple, en Ouganda Oriental, où le Projet FATE est implémenté dans les districts de Kamuli et Namutumba, beaucoup de violations des droits, notamment des GBV, sont directement liées à la vulnérabilité économique des personnes et groupes victimes. Additionnellement, la majorité des cas recensés (62%) par les médiateurs du projet FATE concernaient des cas d’hommes qui vendaient leurs terres sans le consentement de leurs femmes, et des cas de négligences familiales, souvent liés à des cas de VBG. Les projets soutenus ont été sélectionnés pour leur capacité à faire de ce bénéfice matériel obtenu à travers les mini-bourses un tremplin pour permettre aux personnes bénéficiaires et à leurs communautés d’accéder à la justice. Les individus et groupes soutenus ont la responsabilité de conduire des campagnes de sensibilisation sur le référencement des cas de VBG aux acteur‧rice‧s compétent‧e‧s et peuvent devenir des promotrices de l’accès à la justice pour les femmes dans leur région.
En 2024, ASF et ses partenaires poursuivront l’analyse des impacts de ces mini-bourses, notamment en termes d’autonomisation juridique et de capacité à recourir à la justice pour défendre ses droits. De nouvelles mini-bourses seront également accordées à des femmes marginalisées pour soutenir leur réinsertion et leur émancipation financière.