N’Djamena, Tchad – 21 août 2012. Avocats Sans Frontières (ASF), en partenariat avec l’ONG locale APLFT (Association pour la Promotion des Libertés Fondamentales au Tchad) a lancé un projet visant à améliorer la prise en charge des mineurs d’âge à N’Djamena. Ce projet renforcera les capacités des différents acteurs de la chaîne sociale et judiciaire concernés par la problématique. Des campagnes de sensibilisation seront également organisées auprès de la population et des autorités afin de mieux faire (re)connaître les droits des mineurs.
Sorti des différentes guerres et troubles politiques qui l’ont secoué jusqu’en 2008, le Tchad est en pleine reconstruction. Les difficultés sont nombreuses, notamment dans le domaine social. L’aide à la jeunesse en particulier doit faire face à d’importants défis : les structures étatiques mises en place ne sont pas opérationnelles ; les parents, souvent démunis, ne bénéficient d’aucun soutien dans l’éducation de leurs enfants ; les services sociaux et /ou judiciaires sont inefficaces et manquent de moyens.
Les enfants sont les premières victimes de ces carences. Beaucoup sont négligés voire abandonnés. « Un nombre incalculable de mineurs est soumis à des maltraitances et aux pires formes d’exploitation », témoigne Coralie de Lhoneux, experte ASF au Tchad. « Aucune mesure n’est prise par le gouvernement, que ce soit pour venir en aide à ces mineurs ou pour poursuivre les auteurs de maltraitance ». Les mineurs en conflit avec la loi sont régulièrement envoyés en prison, sans avoir eu l’occasion de consulter un avocat. Ils restent en détention préventive prolongée ou subissent de lourdes peines, mélangés aux adultes et maintenus dans un environnement carcéral inadapté. Ils ne bénéficient d’aucune mesure d’accompagnement et d’éducation, pourtant indispensables à leur réinsertion.
Malgré les déclarations d’intentions officielles, la prise en charge des mineurs en difficulté reste problématique.
Depuis plusieurs années et malgré des moyens limités, les ONG de la société civile ont pris le relais pour fournir une aide sociale et légale aux populations vulnérables.
Financé par l’Union européenne, le projet d’ASF a débuté en avril 2012 par des formations pour des centres d’hébergement de mineurs, des ONG d’aide légale et des juristes de l’APLFT.
Parallèlement, une équipe d’avocats chargés d’accompagner et défendre les mineurs en conflit avec la loi doit être mise en place sous la supervision d’ASF. Ces mêmes avocats participeront à des ateliers d’échange avec les magistrats afin d’améliorer ensemble le suivi judiciaire des mineurs.
Des campagnes de sensibilisation visant un large public et impliquant les chefs traditionnels et les forces de police et de gendarmerie sont également organisées.
Enfin, ASF plaide auprès des ministères compétents pour un renforcement des structures d’accueil et d’accompagnement, ainsi que pour un suivi effectif des mineurs en difficulté avec la justice.
« Centres d’hébergement, ONG d’aide légale, assistants sociaux, juges pour enfants, avocats, autorités publiques, forces de police, chefs traditionnels… tous doivent travailler ensemble. La réussite du projet dépend des synergies fonctionnelles de tous les acteurs concernés », explique Coralie de Lhoneux.
« Notre action porte enfin sur le respect de la législation nationale et internationale. Même s’ils sont parfois lacunaires, les textes en vigueur doivent servir de base à toute décision. Leur mise en application concrète et une conscientisation publique sont les premières étapes du long processus d’amélioration de la situation sociale et juridique des mineurs tchadiens. Leurs droits et leur bien-être doivent impérativement être respectés. » conclut Coralie de Lhoneux.