Bangui, 27/08/2015 – ASF (Avocats Sans Frontières) a récemment démarré ses activités de soutien pour un meilleur accès à la justice en République centrafricaine. Suite aux crises politico-militaires successives, les institutions judiciaires du pays ont besoin d’être reconstruites. En coopération avec les acteurs judiciaires, le barreau et la société civile, l’action d’ASF vise à contribuer à améliorer l’accès à la justice des personnes en situation de vulnérabilité.
En 2012-2013, la République centrafricaine (RCA) connaissait une crise humanitaire sans précédent, causant la mort de milliers de personnes et forçant des populations entières à se déplacer. Aujourd’hui, un calme très relatif règne sur ce pays de 4,6 millions d’habitants, secoué par des crises politico-militaires depuis son indépendance en 1960.
Les besoins en matière de justice sont immenses. Les quelques 120 avocats que compte le Barreau sont tous regroupés dans la capitale Bangui et travaillent dans des conditions quotidiennes difficiles. Les organisations de la société civile (OSC) restent très faibles.
« La justice centrafricaine est tout à la fois : faible, lente et chère. C’est une justice à deux vitesses: une pour les riches et une pour des gens pauvres », témoigne l’Inspecteur Général de la Justice, M. Arsène Sende.
Avec un budget représentant à peine de 0,15 % du budget public, le secteur de la justice manque cruellement de moyens. Les conséquences sont nombreuses : impunité généralisée, corruption,…La justice ne joue plus son rôle de protection et de garant des droits de chaque citoyen, et est perçue avec méfiance par la population.
Cette analyse a été partagée à l’occasion du premier atelier de lancement officiel des activités d’ASF en RCA, en juillet dernier à Bangui, en présence de tous les partenaires, représentants des institutions judiciaires (Ministères de la justice et du Plan, Inspection générale de la justice, Magistrature, Barreau) et bailleurs internationaux.
Le Cabinet du Ministre de la justice se réjouit de l’arrivée d’ASF au moment où « la Charte Constitutionnelle de transition réserve une place de choix à l’accès à la justice pour tous ». Selon son Directeur, la justice centrafricaine pourra « profiter du savoir-faire d’ASF en matière (d’accès à) la justice dans les pays de la sous-région des Grands Lacs ».
L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit, ni plus ni moins, de (re)construire l’état de droit. « La justice, par son organisation et son fonctionnement, peut favoriser ou freiner le développement d’un pays, et c’est aux Centrafricains de choisir ce qu’ils veulent », estime l’Inspecteur Général de la Justice, M. Sende.
« Notre projet se développe dans un contexte de vrais besoins et d’attentes en termes d’accès à la justice, en particulier pour les personnes en situation de vulnérabilité », explique Boubacar Diabira, Chef de mission ASF à Bangui.
L’équipe ASF mettra en oeuvre les activités suivantes : diffusion du droit vers la population et les acteurs de la Justice, appui aux OSC pour relancer des services d’aide légale et soutien à la coordination des acteurs de l’aide légale, appui aux audiences foraines en matière d’enregistrement des naissances, et renforcement des capacités des avocats et des OSC.
Financé essentiellement par l’Union européenne (budget 352.000 euros), le projet est d’une durée de 24 mois.