Bukavu (RD Congo) / Arusha (Tanzanie), 24 juillet 2013 – Qu’ils soient membres d’organisations de la société civile, responsables communautaires, avocats, ou encore professionnels des médias, les défenseurs des droits de l’Homme (DDH) ont un objectif commun : promouvoir et protéger les droits humains. Ces personnes sont souvent confrontées à des situations visant à limiter leur travail, telles que menaces, harcèlement judiciaire et administratif et parfois torture ou meurtre. C’est pourquoi Avocats Sans Frontières (ASF) et l’East Africa Law Society (EALS) mettent en oeuvre des actions de soutien et de protection des DDH dans cinq pays d’Afrique.
Hippolyte Mapendano Tonderi habite dans un village situé juste en dehors de Bukavu, au Sud Kivu (est de la RD Congo). Professionnel du droit de première ligne, ce défenseur judiciaire fait l’objet de menaces dans une affaire de coups et blessures. « Je défends les droits d’un artisan qui a été violemment agressé par un taxateur sur un marché. Suite à la plainte déposée par mon client, le taxateur avait été arrêté par le Parquet», témoigne-t-il. « Depuis, cet homme, en liberté provisoire, m’a menacé de mort à plusieurs reprises en raison de mon engagement dans la défense de mon client. J’ai déposé plainte mais aucune instruction n’est encore été ouverte à sa charge ».
Cette situation illustre le défi auquel les DDH doivent faire face dans l’exercice de leur profession. « Bien que des processus de démocratisation soient en cours, ces personnes continuent à être confrontées, dans l’exercice de leurs activités, à de nombreux obstacles. », constate Gilles Durdu, coordinateur du projet de protection des DDH basé à Arusha, en Tanzanie.
Ce projet est géré par ASF en partenariat avec l’East Africa Law Society (Barreau régional des professions juridiques de l’Afrique de l’Est) et financé par l’Union européenne. Il vise à soutenir les avocats et autres DDH en difficulté au Burundi, au Kenya, en Ouganda, en RD Congo et au Rwanda. Une particularité du projet est d’offrir un soutien judiciaire aux DDH soumis à des menaces ou risques immédiats et avérés. « Cette assistance est complémentaire aux mesures de protection directe. C’est pourquoi nous avons formé une équipe de 42 avocats originaires des pays cibles, prêts à donner une assistance légale », explique Gilles Durdu.
En outre, le projet soutient des mesures à plus long terme, comme le développement d’un cadre légal afin d’assurer une protection spécifique aux DDH. « Et nous stimulons une dynamique avec tous les acteurs concernés, en ce compris les bailleurs de fonds, qui se concrétisera par la création d’un fonds régional de protection des DDH », complète le coordinateur de projet ASF.
A ce jour, 13 affaires de DDH menacés ont été prises en charge dans le cadre de ce projet. Hippolyte Mapendano espère que l’intervention d’ASF lui permettra d’exercer son métier en toute sécurité, à court comme à long terme: « La clôture qu’ASF a placée tout autour de ma maison me protège bien sûr. Mais le soutien de l’avocat d’ASF dans la procédure en cours contre la personne qui me menace depuis des mois est un soulagement. Car si cette personne est condamnée, je pourrai reprendre ma vie en paix».