Kinshasa/Bruxelles, le 17 juillet 2012 – Avocats Sans Frontières (ASF) espère que la poursuite du procès Chebeya offrira une nouvelle occasion d’approcher au plus près la vérité des faits, dans le respect des règles d’un procès équitable. Le procès en appel devrait permettre de faire enfin toute la lumière sur les circonstances de la mort, en 2010, du Président de l’ONG congolaise « La voix des sans voix », Floribert Chebeya. ASF estime que le jugement de première instance rendu le 23 juin 2011 n’avait pas permis de répondre à toutes les questions que se posent entre autres les frères et sœurs de Chebeya représentés par ASF.
La Haute Cour militaire de Kinshasa vient de commencer l’examen en appel du dossier pénal concernant la mort de Floribert Chebeya et la disparition de son chauffeur Fidèle Bazana, dont le corps n’a toujours pas été retrouvé.
Après plus de trois mois d’audiences, le procès de première instance avait donné lieu le 23 juin 2011 à la condamnation de quatre prévenus à la peine capitale et d’un cinquième à perpétuité. Trois autres prévenus avaient été acquittés.
« Ce jugement ne pouvait satisfaire les victimes » estime Jean-Charles Paras, expert Droits Civils et politiques d’ASF. « Il y a encore trop de zones d’ombres, notamment sur la cause réelle du décès et sur les responsabilités de tous les acteurs impliqués dans cette affaire. Nous ne sommes d’ailleurs pas convaincus que tous aient forcément été inculpés ».
Par ailleurs, ASF rappelle que ce procès emblématique est l’occasion pour la justice congolaise de démontrer sa capacité à lutter contre l’impunité dans le respect des règles du procès équitable, et son engagement contre la peine de mort. Pour Jean-Charles Paras, « prononcer la peine capitale dans ce procès où plane la mémoire de Floribert Chebeya est une véritable atteinte à l’engagement que ce dernier a eu en faveur des droits humains ».
Floribert Chebeya avait été retrouvé mort dans son véhicule le 2 juin 2010. Très rapidement, plusieurs éléments de l’enquête avaient permis de soulever l’hypothèse d’une mort non naturelle, impliquant diverses personnalités militaires et ainsi que des services de sécurité de l’Etat.
Depuis le début du procès en novembre 2010, ASF assiste l’organisation de la défense des frères et sœurs de Floribert Chebeya, qui sont parties civiles. Ce soutien est maintenu en appel.